Chili: L’Etat éborgne, viole et assassine un peuple en quête de justice sociale

Des femmes organisent une soupe populaire au Chili. Dans ce pays fortement touché par la pandémie du Covid-19, les citoyens sont appelés à élire leurs représentants les 15 et 16 mai pour l'élaboration d'une nouvelle constitution

  C’est dans un contexte de forte répression policière que vont se dérouler les élections pour établir une nouvelle constitution au Chili. Arrestations arbitraires, morts, viols et agressions sexuelles… Le bilan humain des victimes ne cesse pas de s’alourdir et le silence de la communauté internationale est glaçant. Ces élections des 15 et 16 avril ne devraient pas changer grand chose dans ce pays divisé entre conservatisme et désir de renouveau. Le Bondy Blog Centre est allé rencontrer l’association Franco-Chilienne pour vous permettre de mieux comprendre les conséquences de l’ultralibéralisme sur la démocratie.

   Le pays a connu l’oppression d’une dictature de 1973 à 1991 pendant que le général Pinochet était au pouvoir. Le 11 septembre 1973, en pleine guerre froide, le général prend le pouvoir détenu par le socialiste Salvador Allende démocratiquement élu en 1970. Il est soutenu par la CIA qui craignait l’arrivée de communistes sur le continent américain. Il met alors en place une économie ultra-libérale avec le soutien des Chicagos boys. Ces derniers font partie d’un groupe d’économistes américains qui ont ainsi pu imposer leurs thèses ultralibérales en bénéficiant du régime de terreur mené par le dictateur sur la population chilienne.

   C’est la raison qui explique les nombreux départs de chiliens de leur pays depuis ces années dans lesquelles le dictateur n’a cessé de privatiser les richesses du pays tout en assassinant son peuple et en enfermant celui-ci dans des camps de concentration…

   Le bilan du général divise les chilien. Certains l’érigent en une grande figure de l’anti-communisme, artisan du miracle chilien, car le pays connut pendant ces années de dictature une forte croissance économique. Ses détracteurs sont les partisans d’une démocratie et d’une liberté, toutes deux incompatibles avec l’ultralibéralisme forcé du dictateur. Pinochet a par ailleurs bénéficié de nombreuses complaisances et soutiens de la part de chefs d’états eux-même libéraux. Le Chili était devenu un véritable laboratoire d’économie ultralibérale orchestré conjointement par les Chicago boys et la dictature.

Le cauchemar continue: Après s’être enrichi pendant la dictature, l’actuel président poursuit une politique ultralibérale mêlant privatisations des biens publics et répressions…

   Sebastian Pinera est président du Chili depuis 2018. Il avait déjà été président au cours de son premier mandat (2010-2014) pendant lequel il avait intégré d’anciens responsables de la dictature militaire de Pinochet comme membres de son gouvernement. C’est sous la dictature Pinochet que l’homme d’affaires commença à s’enrichir.

   Le 18 octobre 2019, plus de deux millions de chiliens sont descendus dans la rue pour protester contre l’augmentation du prix du ticket de métro. Au delà de l’augmentation du prix du ticket de métro, ce sont les inégalités sociales qui motivent les manifestants à exprimer leur mécontentement. Le président envoie l’armée réprimer les révoltes populaires, déclare l’état d’urgence, multiplie les arrestations arbitraires et les atteintes aux droits humains ne cessent de croître

  Signé par les dirigeants de la majorité des partis chiliens, un accord pour la paix sociale et une nouvelle constitution est remis au président. Ce dernier organisera alors un référendum qui permettra au peuple chilien d’élire directement ses représentants pendant les élections qui se dérouleront ces 15 et 16 mai. Rappelons que l’actuelle constitution date des années de dictature Pinochet.

José Luna et David Parada sont les président et vice président de l’association franco-chilienne du Loiret (de gauche à droite)

Le féminisme chilien s’exporte

   José Luna est le président de l’association France Chili du Loiret. Accompagné de David Parada, vice-président, ils nous ont apporté leurs témoignages afin de mieux comprendre le drame humain de la répression militaire, policière et politique que subissent les chiliens. Au cours de cette émission, ils ont évoqué la place des femmes dans les révoltes chiliennes et notamment le mouvement des las Tesis qui ont exporté leur hymne « Un violeur sur ton chemin » au delà des frontières chiliennes.

Nos confrères de Mag Centre ont également réalisé un article sur les actions de l’association.

L’émission est à retrouver ci-dessous

Daniel Beghdad

Trouvé sur le Bondy Blog Centre