Paris a la Tour Eiffel, Nantes son éléphant, Orléans ses fêtes de Jeanne d’Arc. Le mercredi 3 mai 2023 les visiteurs de la 594ème célébration étaient les bienvenues à la clairière d’Orléans-La Source. Rencontre avec les acteurs et visiteurs de l’évènement.
Premier soleil de plomb printanier, le quartier d’Orléans-la-Source vibre au son des trompettes. Le temps d’un mercredi après-midi entre le 29 avril et le 8 mai, les Orléanais sont conviés à la clairière entre pavillons résidentiels et immeubles. Au programme : ateliers créatifs, spectacles de fauconneries, combats de chevaliers et saynètes.
Du 29 avril au 8 mai derniers ont eu lieu les fêtes de Jeanne d’Arc dans la métropole orléanaise, l’occasion pour la ville de se réunir sous l’égide de son héroïne médiévale pour une 594ème fois.
Clairvie Quesne, 16 ans, incarnant la figure historique, se prépare dans la cour de l’école primaire Antoine-Lavoisier. Vêtue d’une robe médiévale pourpre ponctuée de vert et hissée sur son pur-sang arabe, la lycéenne s’équipe des derniers attirails d’époque. L’épée en main, Jeanne d’Arc 2023 s’élance vers son public à 15 heures précises.
Un moment festif
Les clairons des écuyers retentissent à intervalles réguliers dans la clairière. Durant dix minutes les spectateurs sont invités à suivre le cortège constitué d’une vingtaine de figurants en tenues de roturières, de chevaliers, de pages ou de compagnons d’armes. Jeanne d’Arc ouvre la marche avec ses pages Maximilien de Rochefort et Théophile Joineaux portant à tour de rôle l’étendard aux couleurs de l’association Orléans Jeanne d’Arc. La figurante de la Pucelle d’Orléans adresse des sourires complices aux visiteurs et échange avec eux, à l’instar des défilés des 29 avril, 1er ou 8 mai. Une jeune fille glisse discrètement à sa maman, « c’est la vraie Jeanne d’Arc ? », Clairvie Quesne, attentive, acquiesce. Une fois la parade terminée, les acteurs de la fête sont à la portée du public. Les uns interrogent la figurante de l’héroïne sur ses émotions, sur ce que cela fait d’incarner un personnage historique, les autres s’étonnent du volume et du poids des armures des soldats. S’ensuivent un jeu scénique au centre de de la clairière de l’école hors contrat Henri-Guillaumet et des combats de chevaliers. Des spectacles de fauconnerie se jouent également.
Une terre d’histoire
« Jeanne d’Arc synonyme de résistance aux anglais représente une grosse partie de l’histoire française. C’est important quand on habite à côté d’aller la célébrer sur les lieux où elle a œuvré » indique Anne-Marie, visiteuse de l’évènement. Le quartier d’Orléans-La Source a connu lui aussi son heure de gloire dans la libération d’Orléans par les troupes de Jeanne d’Arc en 1429. « D’après l’Histoire, les troupes de Jeanne d’Arc campaient il y a 594 ans dans un secteur qui peut s’apparenter au quartier d’Orléans-la-Source. L’armée se tenait à proximité du front, prête à attaquer les Anglais au fort des Tourelles. La Source a été bien propice pour son abondance en eau du fait de son Bouillon situé aujourd’hui au sein du Parc Floral », narre Inès Canut, Jeanne d’Arc 2015 et chargée de communication de l’association Orléans Jeanne d’Arc. D’après les livres d’Histoire, la jeune fille qui figurait Jeanne défilait déjà dans les années 50 sur les plates-bandes du quartier. Il a fallu attendre 2016 pour cette pratique soit rétablie.
Un moment de partage
« Les fêtes de Jeanne d’Arc, c’est beaucoup le centre-ville et un peu Saint-Marceau mais très peu le sud de La Loire. Il y a sept ans on a donc souhaité mettre en place une action à La Source et chaque année cela prend de l’ampleur », expose Jean-Pierre Gabelle élu à la mairie d’Orléans chargé de l’organisation des fêtes de Jeanne d’Arc. Un événement tellement bon esprit que l’évêque d’Orléans Jacques Blaquart, du haut de son mètre quatre-vingt-dix, s’amuse avec les bambins à grimper sur des échasses en bois. Le dignitaire de l’Église chrétienne se réjouit d’être présent à Orléans-La Source pour la première année. « Les populations qu’on l’on croise montrent bien la diversité de notre société. Ici, c’est un condensé de toutes les religions », clame-t-il.
Jacqueline, 92 ans, habitante du quartier, participe aux fêtes de Jeanne d’Arc depuis ses 13 ans. « Jeanne d’Arc évoque une délivrance d’Orléans contre les anglais », avance-t-elle avec assurance. Le mercredi après-midi, l’événement s’adresse aussi aux enfants. Les familles et les accueils périscolaires s’empressent autour des ateliers et des stands associatifs, pour la plupart issus du quartier. Les entités présentes sont placées sous le signe de la solidarité comme la Croix-Rouge ou le Secours Catholique mais aussi des loisirs avec les Amis du tramway miniature et le club des séniors. Les enfants, par le dessin et le coloriage, touchent aux rudiments de l’histoire médiévale. « Nous sommes passés au sein des différents ateliers avec mon fils Alban. Il a fait des coloriages, des petites médailles, des couronnes et des châteaux médiévaux. C’est important pour moi de l’emmener ici car cela fait partie de l’histoire de la ville », explique Pauline, jeune maman. Alban montre fièrement sa représentation de Jeanne d’Arc sur son cheval. « À la Source, on n’est pas seulement en haut sur son destrier à faire coucou. On montre aux gens qu’on n’est pas une surfemme ou une miss mais quelqu’un de banal et normal », défend Blandine Lamorisse, Jeanne d’Arc 2019.
Pour tester vos connaissances sur Jeanne d’Arc, n’hésitez pas à vous frotter au quiz suivant : https://www.quizz.biz/quizz-1770828.html
Lucas Santerre