Quand un poète dénonçait la colonisation française en Indochine : « Entendez-vous gens du Viet-Nam » par Jacques Prévert

Portrait de Henri Martin par Fernand Léger

Suite aux deux articles portant sur un poète d’origine guinéenne (Falmarès) et une poétesse d’origine québecoise (Hélène Dorion) parus dans la Redac Pop, j’ai souhaité vous proposer une émission sur la poésie qui aborde le thème de l’étranger par un poète français. C’est dans un tout autre espace et un autre temps que je vous amène grâce à deux poèmes de Jacques Prévert « Entendez-vous gens du Viet-nam » et « Etranges étrangers ». Ces deux poèmes témoignent d’une époque où intellectuels et artistes se mobilisaient contre la colonisation, la guerre, l’emprisonnement politique et oeuvraient pour une fraternité entre les peuples. C’est ce que font Falmarès et Hélène Dorion en convoquant la poésie dans l’intimité de nos langages intérieurs afin de nous accompagner dans la découverte de ce dialogue intérieur que nous menons chacun et à notre manière avec le monde lors de nos rêveries quotidiennes. Si Falmarès évoquait la dimension politique de la construction poétique, Hélène Dorion rappelait dans une tribune parue dans le Monde que la littérature restait un espace d’engagement. Loin de moi l’idée de récupérer l’un, l’une ou l’autre pour justifier la réalisation de cette émission. C’est dans l’hiver de ma mémoire que j’avais gardé au frais ce projet que je vous livre comme un bourgeon de ma pensée. La construction de cette émission utilise la poésie comme une entrée et une sortie pour évoquer cette période de l’histoire française. J’utilise la poésie comme porte d’entrée pour aborder notre histoire et sa politique coloniale.

Originaire de Saint-Pierre-des-Corps, Raymonde Dien s’était opposée à la guerre en Indochine. Deux statues rendent hommage à son combat (ici à Saint-Pétersbourg) et au Viet-Nam

Un regard autre sur l’étranger…

Nous pensons souvent aux pays africains ou aux territoires d’outre-mer lorsque nous parlons de la colonisation française et omettons parfois de citer les appétits orientaux de la France colonisatrice. Il sera alors question du Viet-nam dans cette émission. Je souhaitais mettre en lumière la mobilisation d’une femme corpopétrucienne (originaire de Saint-Pierre-des-Corps) qui s’est battue contre la guerre coloniale que la France mena en Indochine après la seconde guerre mondiale. De la Guinée originelle de Falmarès aux contrées américaines de Hélène Dorion, la poésie francophone contemporaine nous permet encore et toujours de porter un regard autre sur l’étranger. Cette émission est donc davantage un hommage rendu aux résistant-e-s de tous les continents et de tous les temps (qu’ils et elles soient poète-sse-s, soldat ou dactylo) plutôt qu’un clin d’oeil de connivence à Jacques Prévert.

L’émission est à retrouver ci-dessous:

Pour aller plus loin :

En Métropole, ce sont 20000 indochinois qui furent forcés de participer à l’effort de guerre en Camargue durant la seconde guerre mondiale. Une bande dessinée l’explique très bien et je vous la recommande.

Les Lini Tho immigrés de Force, Mémoires de Viet Kieu

Toujours du côté de la Bande dessinée, je vous recommande également l’ouvrage « Un homme est mort » de Kris et Etienne Davodeau. L’affaire Henri Martin y est rapidement mentionnée par un graffiti sur un mur. L’ouvrage permet surtout de découvrir le travail du cinéaste René Vautier qui s’est opposé toute sa vie à toutes les formes de domination.

La poésie est toujours d’actualité. Elle nous permet plus que jamais de capter les mouvements qui s’opèrent dans nos psychés et de les exprimer… Ce petit reportage illustre très bien comment la poésie revient « en force » chez les jeunes.

Rédaction, captations sonore, recherche documentaire et réalisation: Daniel Beghdad

Trouvé sur le Bondy Blog Centre