Samia Orosemane : « L’humour c’est la politesse du désespoir, et ça j’en suis convaincue »

Samia Orosemane avec Nato et Gregory dans les studios de Radio Campus - 16/11/2016

Mardi 16 novembre 2016,  Radio Campus Orléans a reçu l’humoriste Samia Orosemane. Elle a accepté de venir dans nos locaux afin de partager avec nous son humour, son expérience, en abordant des sujets qui lui tiennent à cœur.

La passion de Samia pour l’humour et la comédie s’éveille durant son adolescence « lors d’une improvisation théâtrale ». Elle raconte qu’elle s’était inscrite à un atelier de théâtre, qui avait lieu le mercredi après-midi, au collège, quand elle avait 12 ans. Samia jouait le rôle d’une fille dont le petit copain venait de se faire écraser par une voiture. « J’ai réussi à sortir des larmes et à partir de ce moment là, quand j’ai vu que je pouvais épater la galerie en pleurant sur commande, je me suis dit c’est ça que je devais faire. »

Samia est une humoriste pleine de talent, savoir pleurer n’est pas la seule corde à son arc. Elle est  très douée pour imiter les accents, notamment les accents africains. Une tâche bien délicate que de faire rire les autres « communautés » dont on est soi-même pas issue, sur leur propre usage de la langue. Ainsi, l’humoriste déclare :

« Quand c’est bien fait, généralement les gens apprécient. Il y a une nuance entre essayer d’imiter comme il se doit un accent ou une façon de parler, et le singer. Si je ne sais pas faire quelque chose, je ne le fais pas. »

Samia Orosemane avec Nato et Gregory dans les studios de Radio Campus - 16/11/2016
Samia Orosemane avec Nato et Gregory dans les studios de Radio Campus – 16/11/2016

Lors de ses spectacles en Afrique Subsaharienne, elle appréhendait beaucoup la réaction de ses spectateurs sur ses talents d’imitatrice, mais dit-elle, « c’était magique, ils ont applaudi, je ne m’y attendais pas. » Elle conquiert le cœur de l’Afrique, tout en précisant  qu’imiter les gens, c’est un symbole d’amour et de respect envers eux.

« Tu t’y es tellement intéressée, tu les aimes tellement que tu essayes de reproduire au mieux leur manière d’être. On imite et on essaye d’imiter que les gens qu’on aime. »

L’humour est sa baguette magique pour faire passer en délicatesse son point de vue et pouvoir exprimer son avis sur des sujets qui lui tiennent à cœur. Suite à la fusillade survenue le 22 octobre 2014 dans la capitale canadienne, Ottawa, elle décide de faire une petite vidéo. Michael Zehaf-Bibeau, le suspect qui avait été abattu, était tout fraîchement converti à l’islam. Samia, de confession musulmane, avait réagi instinctivement pour que les gens ne pointent pas du doigt l’islam, ou stigmatisent la religion.

« Moi, comme tous les musulmans du monde, je me suis dit inch’allah c’est pas un des nôtres, parce que je sais qu’on va s’en prendre plein la gueule même si c’est au Canada. Il y aura des répercussions ici, sur notre image. »  

Une vidéo pour exprimer son indignation, qui lui a valu un succès immédiat et lui a permis d’être invitée sur de nombreuses chaînes pour parler et débattre sur des sujets en rapport avec l’actualité.

Son succès sur Internet se poursuit avec un spectacle « Femme de couleurs », actuellement joué tous les mardis soirs au Point Virgule à Paris.

« Tu viens voir une humoriste d’origine maghrébine, qui est habillée comme une afro et tu sais pas trop ce qu’elle va te raconter. »

Le spectacle s’inspire de sa vie, de sa conception des choses du quotidien. Par ailleurs, Samia se fixe quelques codes lors de son passage sur scène « je me censure sur la vulgarité […] j’essaie de faire en sorte  que ça soit pour  un public familial. » Samia est une humoriste à l’écoute de son public : dans une certaine mesure, elle n’hésite pas à retoucher ses textes lorsqu’elle sent qu’ils blessent.

« C’est ça qui est important, quand les gens viennent voir un spectacle qu’à aucun moments ils se sentent attaqués. »

Samia est actuellement en tournée. Elle sera vendredi 18 novembre 2016 à Saint-Pierre des Corps à proximité de Tours.

Nato Phounthouchachvili

 

Pour écouter ou réécouter l’interview, cliquez ici

Trouvé sur le Bondy Blog Centre