Le 7 janvier 2023, un jeune garçon, Lucas, âgé de 13 ans, s’est donné la mort à cause du harcèlement qu’il a subit concernant son homosexualité (1.). Cette actualité nous pousse à nous questionner sur les raisons et les conséquences du coming-out (raccourci de l’expression “coming out of the closet”, “sortir du placard”, qui est l’annonce d’une orientation sexuelle d’une personne à ses proches).
Dans le cadre de notre de formation de moniteur-éducateur à l’ERTS, nous avons décidé de nous intéresser à ce sujet. En effet, dans notre parcours professionnel nous pouvons être amenés à accompagner des personnes qui sont victimes de leur coming-out. La société évolue et la question de l’orientation sexuelle ou de genre peut dorénavant être « sortie du placard ». Cependant les retombées n’en sont pas moins difficiles pour certains. Nous nous sommes intéressé plus précisément au 14-25 ans car c’est la tranche d’âge la plus concernée par la précarité dûe aux conséquences de cette annonce.
Le « coming out » est vécu comme un moment difficile et stressant du fait des répercussions qui en découlent, le jugement et le risque de rejet encouru . Dès lors, la personne est perçue, du fait de son orientation sexuelle différente, hors norme. Le poids des traditions, des cultures, des religions sont un frein à l’affirmation de soi. Et pourtant, il est une véritable libération, un soulagement et une recherche de bien-être surtout lorsque la personne, jeune notamment, bénéficie du soutien d’une tierce personne. Selon Marcel RUFO, dans son livre Grands-parents : A vous de jouer (2014) dit qu’ “Il convient de respecter et d’accompagner cette décision, afin de maintenir des relations affectives fortes avec eux (les parents), même s’ils prennent un chemin, dans leur vie amoureuse, moins classique que celui qu’on escomptait. Cette confidence est une marque de confiance. Elle permettra aux jeunes gens d’aller plus loin et de surmonter les obstacles sociétaux qui existent encore”.
Le poids des traditions familiales…
Chaque Coming Out, selon la famille qui reçoit cette annonce, est différent (2.). Durant nos recherches on a pu voir que les effets peuvent être dramatiques pour ces jeunes quand celui-ci est mal accepté, d’autant plus quand il lui est volé lors d’un outing, qui est la révélation de l’identité sexuelle ou de genre d’une personne LGBTI faite sans son accord.
Quelles sont les raisons qui incitent les familles à rejeter leurs enfants face à cette annonce? La méconnaissance, les traditions, la religion, l’intolérance sont souvent mises en avant (Les homosexuels victimes de discriminations dans leur famille / inegalites.fr).
Nous pouvons retrouver des personnes en souffrance du fait de violences physiques, psychologiques, sociales et intrafamiliales qu’elles peuvent subir. L’isolement, le jugement, l’incompréhension des proches, la crainte de décevoir peuvent mener vers une dévalorisation de soi et déclencher des comportements à risque. On peut avoir des jeunes en perte d’estime d’eux-même qui tombent dans la prostitution du fait de leur précarité, une mise en danger dont l’origine est un profond malaise allant jusqu’à l’auto-destruction. La place des personnes homosexuelles dans la société est alors remise en question et peut provoquer un isolement menant vers le suicide, autre forme d’exclusion poussée à son paroxisme, 4 à 7 fois plus important que chez les jeunes hétérosexuels.
L’émission est à retrouver ci-dessous:
Derrière l’émission:
1.
2.
Les homosexuels sont victimes de discriminations dans leur famille.
Les étudiants de l’ERTS ont enregistré une première émission afin de recueillir des témoignages de jeunes de moins de 25 ans sur le sujet qu’ils préparaient. L’émission a donné lieu à un échange ouvert sur les conséquences du coming-out. Elle est à écouter ci-dessous
Vous pouvez retrouver ci-dessous, l’interview complète de Christophe du GAGL
Pour aller plus loin :
ci-après, un lien pratique vers un Manuel pour aborder la violence fondée sur le genre affectant les jeunes.
Bibliographie:
- DORAIS Michel, « Des ados et de la diversité sexuelle. Comparaison France/Québec », Le Sociographe, 2015/1 (n° 49), p. 53-60. DOI : 10.3917/graph.049.0053. URL : https://www.cairn.info/revue-le-sociographe-2015-1-page-53.htm
- Arènes, J. (2014). Coming out et subjectivation. Dialogue, 203, 53-63. https://doi.org/10.3917/dia.203.0053
- Chollet, I. (2015). Jeunes homosexuels en rupture familiale: Comment adapter le travail thérapeutique ?. Le Sociographe, 49, 61-70. https://doi.org/10.3917/graph.049.0061
- Firdion, J., Beck, F., & Schiltz, M. (2011). Les minorités sexuelles face au risque suicidaire en France. HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe).https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/121901/file/154364_1291.pdf
- Pandea, A., Grzemny, D. & Keen, E. (2019). Chapitre 1. Identité de genre, violence fondée sur le genre et droits humains. Dans : , A. Pandea, D. Grzemny & E. Keen (Dir), Questions de genre: Manuel pour aborder la violence fondée sur le genre affectant les jeunes (pp. 15-61). Strasbourg: Conseil de l’Europe.
- Chartrain, C. (2013). Protéger, prendre en charge et accompagner les jeunes LGBT. Cahiers de l’action, 40, 37-53. https://doi.org/10.3917/cact.040.0037
Samuel, Alexandre, Léo, Ulysse et Jonathan