« Nos amis qui votent Bardella sont ceux qui ont séché les cours d’histoire » : micro tendu dans le rassemblement contre l’extrême droite à Orléans

Les manifestants ont ensuite remonté la rue Jeanne-d'Arc vers la cathédrale. Photo Lucas Lenormand
Les manifestants ont ensuite remonté la rue Jeanne-d'Arc vers la cathédrale. Photo Lucas Lenormand

Près de 1.500 manifestant.e.s se sont rassemblé.e.s sur la place de la République d’Orléans, ce mardi 11 juin. Une mobilisation claire contre l’extrême droite et pour la constitution du nouveau Front populaire de la gauche afin de contrer le Rassemblement national après les élections européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale.

« La jeunesse emmerde le Front national ! » Si dans les sondages, cette tendance semble s’être disloquée depuis les années Bérurier noir, le slogan a bel et bien résonné en force dans le centre-ville d’Orléans, ce mardi 11 juin. Près de 1.500 manifestant.e.s se sont rassemblé.e.s sur la place de la République, selon les estimations de La République du Centre.

Laetitia, Camille et Margaux
Le rendez-vous était donné sur la place de la République. Photo Thomas Derais
Le rendez-vous était donné sur la place de la République. Photo Thomas Derais

Une réaction forte après les résultats des élections européennes ayant placé le Rassemblement national largement en tête (31,4%), à une distance abyssale de ses deux poursuivants, Renaissance (14,6%) et le Parti socialiste (13,8%).

La manifestation orléanaise portait deux messages. La peur à l’idée de voir un parti d’extrême droite, le Rassemblement national, aux portes du pouvoir, mais aussi l’espoir incarné par le nouveau Front populaire formé entre les quatre principaux partis de la gauche. Leurs représentants locaux étaient présents, tout comme d’autres responsables syndicaux. Des personnalités telles que l’ancien sénateur Jean-Pierre Sueur ou le président de la Région François Bonneau étaient aussi dans les rangs et les prises de parole se sont succédé pour appeler à l’unité face à l’extrême droite.

L’union de toute la gauche

Parmi eux, Emmanuel Duplessy, conseiller municipal d’opposition Génération.s à Orléans qui est sur les rangs pour une éventuelle investiture dans la deuxième circonscription du Loiret. Il avait déjà été candidat en 2022, battu au second tour par Caroline Janvier (Renaissance, anciennement LREM). « Je peux être en capacité de gagner dans trois semaines, mais si l’ensemble des forces politiques pense que c’est un autre candidat qui doit y aller, je le soutiendrai de toutes mes forces parce que l’enjeu est d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale », assure-t-il.

Emmanuel Duplessy

Parmi les manifestants, beaucoup de jeunes horrifiés par la perspective de voir Jordan Bardella devenir Premier ministre. « Dans les débats, on voit très bien qu’il n’a pas forcément d’arguments, qu’il ne sait pas défendre ses idées et que dès qu’on trouve un argument contre lui, il ne peut même pas riposter parce que c’est illogique », considère Elisa.

La jeune fille de 19 ans est venue accompagnée de son amie Elodie avec une pancarte éloquente. Au recto, une citation d’Albert Camus : « Quand la démocratie est malade, le fascisme vient à son chevet, mais ce n’est pas pour prendre de ses nouvelles. » Au verso : « La jeunesse emmerde le Front national (même si vous changez de nom). »

Elodie et Elisa ont emmené une pancarte éloquente. Photo Thomas Derais
Elodie et Elisa ont emmené une pancarte éloquente. Photo Thomas Derais

Un dernier argument pondéré toutefois par la sociologie de l’électorat selon l’institut Ipsos. Si le vote RN est arrivé en deuxième place pour les 18-24 ans (25%), il est en tête pour les 25-34 ans (30%), même s’il reste moins important que pour les autres tranches d’âge (à l’exception des 70 ans et plus). « On a pas mal d’amis qui votent pour Bardella », admet Elisa, qui avance la présence du candidat de 28 ans sur les réseaux sociaux, notamment TikTok. « Nos amis qui votent Bardella sont typiquement ceux qui ont séché les cours d’histoire », martèle-t-elle.

Elisa et Elodie

« C’est l’incarnation de tout ce qu’on a vu dans les années 30 »

Ce n’est pas Michelle, ancienne prof âgée de 82 ans, qui lui dira le contraire. « Compte tenu de mon âge, j’ai connu d’autres choses et je n’ai absolument pas envie que l’histoire se renouvelle, lâche-t-elle. C’est un peu dur de penser qu’il faut revenir, que rien n’est jamais acquis, qu’il faut toujours être sur le qui-vive quand il y a des choses douteuses. (…) On en est arrivé là car je pense qu’il y a un désintérêt de la chose collective de plus en plus, qu’on n’a pas su renouveler des mouvements qui permettaient aux gens d’avoir des échanges et de pouvoir discuter. »

Michelle

Un peu plus loin, Jean-Claude, autre retraité ayant travaillé dans le transport, estime que le programme du Rassemblement national est « vide ». « Ils préconisent la haine et rien d’autre », ajoute-t-il.

Jean-Claude

Une partie du rassemblement, soit plusieurs centaines de manifestants dont une très large majorité de jeunes, a remonté la rue Jeanne-d’Arc vers le parvis de la cathédrale. « On reste jusqu’à la fin », assure Léo, soutenu par son ami Léandre : « Comme le dit Victor Hugo, s’il ne doit en rester qu’un, je serai celui-là ! », sourit ce dernier. Dans ce groupe, quelques mineur.e.s. « J’aurai 18 ans cette année. Ne pas pouvoir voter et voir le résultat que ça a donné, c’était horrible », confie une membre de cette petite bande.

Une grande majorité de jeunes ont fait un "after" autour du parvis de la cathédrale. Photo Lucas Lenormand
Une grande majorité de jeunes ont fait un « after » autour du parvis de la cathédrale. Photo Lucas Lenormand

Même si les messages se veulent combattifs et emplis d’espoir, ces derniers relatent surtout leurs inquiétudes et leurs peurs. « Pour nous, c’est le fascisme. C’est l’incarnation de tout ce qu’on a vu dans les années 30. C’est pareil partout en Europe et ce qui est étonnant, c’est que les gens n’ont pas pris la mesure de ça et sont en train de refaire les mêmes boulettes qu’à cette époque. C’est assez navrant. »

Léonie, Zélie, Léandre, Léo, Romane et Aramis
Florilège d’autres réactions

Thomas Derais (avec Steven Miredin pour la dernière captation sonore et Lucas Lenormand pour les photos)

Comment voter ?

Le premier tour des élections législatives se déroulera le dimanche 30 juin, tandis que le second tour prendra place le dimanche 7 juillet. Il n’est pas nécessaire d’avoir sa carte d’électeur sur soi. Il suffit de se rendre dans son bureau de vote avec une simple pièce d’identité valide.

Vous pouvez vérifier votre inscription sur les listes électorales dans ce lien. Celles-ci ont été arrêtées au lundi 10 juin. Il n’est donc plus possible de s’y inscrire pour ce scrutin. En revanche, il est toujours possible de faire une procuration dans sa commune de vote en cas d’incapacité de s’y rendre. Toutes les informations sur la procuration sont à retrouver dans ce lien.

Trouvé sur La Rédac Pop, le média participatif et citoyen de Radio Campus Orléans