Le brassage et la consommation de bière autour d’Orléans passés à la loupe de Zotéli, dans sa dernière émission

Au cours de son émission, Zotéli a notamment rencontré Carol-Anne, présidente de l'Association des buveuses de bières, qui tend à rompre avec l'idée d'un alcool viril.

L’équipe de Zotéli s’est récemment intéressée au brassage des bières locales. Le samedi 23 mars, nous avons présenté sur le Médiaplateau du 108 à Orléans des acteur.ice.s orléanais.es qui développent les bières dans notre ville. Si l’émission mettait en valeur les brasseries locales, quelques saynètes visaient aussi à rompre avec l’idée selon laquelle cet alcool serait inoffensif.

L’équipe de Zotéli a fait le tour de la ville à l’occasion de son émission On lâche du lest, afin de présenter plusieurs aspects de la bière orléanaise. La conception de la bière a notamment été présentée par Cyril Bourassin, de la brasserie du Vauret à Mardié.

En début d’émission, un micro-trottoir a permis d’évoquer avec les habitants d’Orléans leur perception de l’alcool, qui varie selon le type de boisson. Si certains considèrent qu’il n’y a pas de différence entre la bière et les autres alcools, d’autres la perçoivent comme un alcool plus “récréatif”. Le vin reste, dans la perception globale, un alcool accompagnant un “bon repas”.

L’émission s’est aussi attardée sur Jessica, caviste au V and B, qui expliquait la concurrence que rencontre la bière orléanaise au niveau local. Carol-Anne, présidente de l’Association des buveuses de bières, présentait une nouvelle façon de consommer de la bière, tendant à rompre avec l’idée d’un alcool viril. L’émission s’est clôturée avec Mathieu, l’un des créateurs du Orléans bière festival, un événement ayant lieu chaque année le dernier samedi du mois d’octobre.

L’alcool c’est pas cool ?

Si nous présentons des acteurs et actrices locaux.ales participant à la consommation d’alcool, Morgan, co-animatrice de l’émission, rappelle que la consommation d’alcool reste une activité à risque.

D’après Santé publique France, l’alcool est impliqué dans plus de 41.000 décès et 30.000 cancers par an. Certes, depuis les années 1960, notre consommation a beaucoup diminué passant de 26 litres par an à sur la période 2018-2021 à 10,5 litres annuels. 42,8 millions de français·es consomment de l’alcool, ce qui place l’Hexagone comme l’un des pays au monde où sa consommation est profondément ancrée dans la société.

Les données de Santé publique France publiées le 13 juin 2023 sont édifiantes. 22% des adultes se situent au-dessus des repères de consommation à moindre risque, soit plus de deux verres par jour. Ces données montrent que l’alcool conserve une connotation virile, puisqu’en France, 31% des hommes consomment plus de deux verres par jour contre 14% des femmes.

Comme le rappelait Bernard Basset, président de l’Association Addictions France sur le plateau d’Arte, « il n’y a pas de consommation sans risque ». La consommation d’alcool dès le premier verre augmente les risques de cirrhose hépatique, de cancers, de maladies cardiovasculaires, de maladies digestives et mentales. L’alcool augmente les risques de suicides, d’accidents de la route, de violences physiques et sexuelles. C’est aussi un facteur favorisant les comportements violents puisqu’il est présent dans plus d’un féminicide sur deux.

Prévention ou lobbying, il faut choisir

Depuis la loi Evin de 1991, la loi encadre les publicités qui ne doivent pas inciter à la consommation de tabac et d’alcool. Concernant l’alcool, la loi a largement été dénaturée.

En janvier, c’est le « dry january » ou « le mois dans alcool ». Un mois d’abstinence qui a le mérite de poser la question sur la consommation de l’alcool mettant aussi en avant les vertus pour la santé. Une initiative surtout chez les jeunes dont on pourrait s’attendre à un soutien de la part des décideurs politiques.

Pourtant, l’ancien ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, ne s’est pas réellement positionné en soutien à cette initiative saluée par le corps médical. C’est ensuite le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau qui dénonçait « l’injonction permanente ».

Mais pourquoi cette réticence de l’Etat ?

En janvier 2020, « le mois sans alcool » devait être accompagné d’une campagne de sensibilisation prévue par Santé publique France, avec le soutien du ministère de la Santé. Mais l’Association nationale des élus de la vigne et du vin (ANEV) s’en était inquiétée, participant à l’abandon de cette campagne. France Info avait alors révélé que la décision émanait directement du président de la République Emmanuel Macron. Un choix effectué après une discussion avec le président du Syndicat général des vignerons de la Champagne, Maxime Toubart. La campagne sera remplacée par le « mois sobre ».

Au printemps 2023, deux campagnes de sensibilisation ont été retoquées par le ministère de la Santé. L’une d’elles devait être diffusée pendant la coupe du monde de rugby. Elle a été remplacée par une campagne à destination des jeunes appelée, « C’est la base ».

Un arbitrage dénoncé par l’Association Addictions France. Son Président dénonce un « lobbying de l’alcool qui s’est infiltré dans tout l’appareil d’Etat » et un droit de veto octroyé à ce même lobbying à propos des campagnes de Santé publique France.

L’ancien président de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, Alain Rigaud, rappelle que l’alcool fait l’objet d’un avantage fiscal, notamment le vin. Selon lui, les spiritueux sont 63 fois plus taxés et les bières 15 fois plus que le vin.

Un attachement à l’alcool « récréatif » soutenu par un président qui n’a jamais caché son amour de l’alcool. Plusieurs de ses déclarations abondent en ce sens. A son arrivée à la tête de l’Etat en 2017, il déplorait des repas « tristes » sans vin. En février 2018, il déclarait boire du vin « midi et soir ». En 2022, les Grands prix du vin décernaient à Emmanuel Macron le titre de personnalité de l’année. Il faut aussi rappeler la nomination d’une ancienne lobbyiste du vin, Audrey Bourolleau, comme conseillère en agriculture.

Il n’est pas seulement question du vin puisqu’en juin 2023, on pouvait voir le chef de l’Etat boire une bière cul-sec pour la Coupe du monde de rugby.

L’émission de Zotéli est à retrouver ci-dessous.

Article : Steven Miredin

L’équipe Zotéli : Sammy, Morgan, Julien, Antoine, Ursula et Jacques-Henri

Trouvé sur La Rédac Pop, le média participatif et citoyen de Radio Campus Orléans