La journée internationale des femmes : un village éphémère place de Gaulle, des revendications atemporelles.

De nombreuses associations se sont retrouvées le 8 mars place de gaulle à Orléans pour célébrer le 8 mars, journée internationale des droits des femmes

En 1977, l’Organisation des Nations Unies (ONU) déclare que le 8 mars sera la journée internationale des femmes. Cette journée est devenue une journée de mobilisation symbolique, d’une lutte qui dure 365 jours par an. Cet état d’esprit était bien ancré dans l’esprit du collectif féministe orléanais. En se rassemblant le 8 mars, place de Gaulle, les associations et syndicats défendant les droits des femmes et des minorités de genre se sont rassemblées afin de faire un point sur l’avancement des luttes au niveau local, national et international.

Le 8 mars 2024 avait un goût d’avancé des droits des femmes en France. Cette impression particulière fait écho au vote du congrès du 5 mars 2024. Ce jour-là, nos parlementaires se sont prononcés favorablement pour l’inscription dans la Constitution de la liberté pour les femmes d’avoir recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

L’inscription de l’IVG dans la Constitution : plus-value ou faux semblant ?

Reprenons le fait déclencheur de cette volonté parlementaire d’inscrire l’IVG dans la Constitution. Tout commence aux Etats-Unis, en juin 2022 où la Cour Suprême supprime l’arrêt qui permet aux femmes d’avorter dans tous les états du pays. Dès lors, 14 états décideront d’y renoncer. Cet acte a montré que même dans un Etat démocratique, les droits et libertés n’étaient pas des acquis immuables. En réaction, des députés de la NUPES, rejoint ensuite par des députés de la majorité parlementaire déposent un texte visant à constitutionnaliser l’IVG. Notons que, l’inscription de l’IVG dans la Constitution est d’abord le résultat d’une lutte des militantes avant d’être une revendication des classes élues.

Osons le dire ; l’inscription de l’IVG dans la Constitution est objectivement un progrès. Sa consécration dans le plus grand texte de la France, met ce droit hors d’atteinte d’éventuelles attaques législatives.

Si dans l’Union Européenne le droit à l’avortement est dépénalisé, il ne l’est pas toujours sous les mêmes conditions. A Malte, l’avortement est possible, mais seulement si la grossesse met la vie de la femme en danger ou que le fœtus n’est pas viable. En Pologne, ce droit a été durci et n’est désormais possible qu’en cas de viol ou de danger vital pour la femme.

Un chamboule-tout était proposé sur le rassemblement

La contraception n’est pas abordée

Au-delà de ces exemples, il reste que dans de nombreux pays de l’Union l’avortement peut se heurter à des démarches administratives, un manque d’accès au soin ou à la stigmatisation sociale. On observe de plus en plus des migrations ayant pour but de pouvoir avorter en France ou encore en Italie où 71% des médecins refusent de pratiquer des avortements.

En France, les propos de Gérard Larcher Président du Sénat, les manifestations dite « pro-vie », les députés et les sénateurs notamment d’extrême droite qui ont une vision d’avant la loi Veil de 1975 et les déserts médicaux. La remise en cause de l’IVG est réelle.

Si l’inscription de l’IVG dans la Constitution est une première mondiale, les militantes féministes questionnent la façon dont ce droit a été inscrit.

La « liberté » d’avoir recours à l’IVG plutôt que de bénéficier d’un « droit » à l’IVG est déjà un recul. En effet, un droit, c’est une créance à l’égard de l’État tandis qu’une liberté va nécessiter un cadrage législatif pour qu’il soit effectif. Par ailleurs, la question de la contraception n’est pas abordée dans l’inscription de l’IVG dans la Constitution

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Les militantes s’interrogent aussi sur la définition de la femme que retient la Constitution. Aux yeux de la Constitution, la femme se rattache uniquement à la mention faite sur son état-civil. Cette définition n’inclue donc pas les hommes transgenres.

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La nouvelle définition du viol : la France bloque sur les termes

Si la France peut passer pour précurseur sur la constitutionnalisation de l’IVG, elle est bien loin de faire référence sur le reste. Ce mois-ci, les instances européennes se sont rassemblées afin de voter une directive sur les violences faites aux femmes. Cette directive prévoyait une définition européenne du viol. Finalement, le texte verra le jour, mais sans l’inscription de cette définition. La raison de ce manquement, le blocage de certains Etats, dont la France.

Nous n’avons pas pu obtenir une définition commune du viol, c’est une grande déception”, a regretté la vice-présidente de la commission des Droits de femmes et de l’Egalité des genres, Frances Fitzgerald

En France, le viol est défini par l’article 222-23 du Code pénal comme « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise ». Cette définition comporte de nombreuses critiques parmi lesquelles on lui déplore l’absence de la notion de consentement. Une notion que prévoyait justement l’article 5 de la directive européenne.

La manifestation a rassemblé plusieurs centaines de personnes

L’insuffisance de moyens pour continuer la lutte

Les associations et syndicats présents le 8 mars ont tout·e·s pointé·e·s du doigt le même problème : le manque évident de moyens afin de lutter contre les violences faites aux femmes et aux minorités de genre. On peut encore citer le manque de moyens notamment dans les hôpitaux, pour les associations spécialisées, la résistance de médecins, les entraves imposées aux sage-femmes, ou encore les entraves intra-familiales.

Des études récentes ont d’ailleurs révélé que le travail restant à accomplir sur ces sujets est immense. En effet, les récentes études ont montré que chez les jeunes, les garçons refusent plus fortement les idées progressistes que leurs homologues féminines. Une étude qui tend à se confirmer par les expériences des associations intervenantes en milieu scolaire. Les réseaux sociaux sont notamment visés. Avec le développement de comptes dit « masculiniste », c’est toute une communauté d’hommes qui abordent une position réactionnaire. Ce recul serait alors une sorte de mécanisme psychologique de défense d’après #MeToo.

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Une volonté intersectionnelle des mouvements féministes orléanais

Les mouvements féministes orléanais se refusent à occulter les autres violences auxquelles peuvent être exposées les femmes. Racisme, mépris de classe ou islamophobie, etc. de nombreuses femmes cumulent des discriminations. En affichant une lutte féministe intersectionnelle, le collectif féministe d’Orléans porte la lutte comme l’ont fait des personnalités comme Angela Davis ou Léonora Miano.

Prenons l’exemple des femmes migrantes. Ces femmes sont victimes de violences spécifiques : précarité administrative ; difficultés d’accès à la justice ; chantages administratifs de la part du conjoint. Le CIDFF fera prochainement paraître une étude sur le sujet.

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La mobilisation des mouvements féministes reste importante à Orléans. Le 29 mars, le CIDFF interviendra dans l’enregistrement en public de l’émission féministe « Les Clitoriciennes » de Radio Campus Orléans au 108.

Trouvé sur La Rédac Pop, le média participatif et citoyen de Radio Campus Orléans