Dylan, victime perdue dans la masse du harcèlement scolaire

La rédaction de Radio Campus Orléans a reçu une lettre d’une mère de famille cherchant à faire entendre l’histoire de son fils. Son enfant de treize ans a été agressé à la sortie du collège. Ils ont raconté leur histoire.

C’est vêtu d’un jean et d’un sweat que Dylan est arrivé avec sa mère dans nos locaux. Trois semaines après l’agression, il ne porte plus de plâtre ni de minerve. A le voir comme cela, on ne dirait pas qu’il s’est fait roué de coups en pleine rue à la sortie du bus. Pourtant les séquelles sont là, encore à vif. Un peu timide, il confesse que son poignet le fait encore souffrir.

Le 16 octobre 2018, Dylan, un collégien de 13 ans rentre chez son père, dans le quartier de Coligny à Orléans après les cours. Une fois sorti du bus, il se fait violemment jeté à terre. A terre, sur le goudron, ses agresseurs le rouent de coups. Après cette salve de coups de pieds et de poings, il le laissent se relever et le passent à tabac une deuxième fois. Dylan finit par s’enfuir et se réfugie chez son père. Seul et sous le choc, il a le réflexe d’appeler sa mère. Celle-ci quitte immédiatement son travail pour se rendre auprès de son fils “J’ai paniqué et je suis tout de suite aller le chercher. J’ai eu très peur pour lui”. Sur place, elle tente de rassurer son fils. Elle le prend dans ses bras, épouvantée par l’ampleur des sévices apparents sur Dylan. Karen décide de l’emmener à l’hôpital. Non sans mal, car Dylan a peur de ressortir dehors, de quitter son refuge rassurant.

Une fois au centre hospitalier, le diagnostic tombe, affolant : un traumatisme crânien, contusions au thorax, à la cheville, au poignet, un torticolis. 10 jours d’ITT. Après un autre rendez-vous médical, ce nombre sera porté à vingt trois.

Du harcèlement moral au harcèlement physique

Au nombre de dix, les harceleurs de Dylan sont scolarisés dans le même collège que leur victime. Scolarisés en classe de 6e et de 5e, ils harcèlent Dylan depuis la rentrée de septembre. Les menaces verbales, les insultes sont le lot quotidien de Dylan. Plutôt réservé, et apeuré l’élève se terre dans le mutisme et ne laisse rien paraître. Par peur des représailles “Je pensais qu’ils allaient me frapper si je parlais” Il ne dit rien des violences subies, jusqu’au jour où il se fait agresser physiquement. Un nouveau cap est franchi. Jusqu’à présent, les bourreaux s’en tenaient au harcèlement moral.

Le personnel du collège ne s’étonne guère de l’identité des personnes impliquées. Mais aucune décision immédiate n’est prise pour punir ces faits, pourtant graves. Pire, le principal préfère isoler Dylan dans une salle de classe à l’écart des autres pendant les récréations. Pour sa propre sécurité avance t’il pour se justifier. “Ce n’est pas à la victime d’être punie”s’insurge la mère de l’enfant. Une sorte de contrat a aussi été passé entre le principal et les agresseurs. Ceux-ci ne doivent pas approcher Dylan sous peine de sanctions. Contrat qui sera rompu par le meneur de bande. Ce dernier menace Dylan dès son retour à l’école le pressant de retirer sa plainte . L’anecdote qui s’est passée en dehors de l’école, témoigne une nouvelle fois d’un acte de harcèlement.

Une plainte a été déposée auprès des services de Police. Dylan a été entendu le jour même de son agression. Mais pour le moment, aucune suite pénale n’a été donnée à l’affaire. La mère de Dylan se montre peu optimiste quant à la poursuite judiciaire des agresseurs, mineurs, de son fils.

L’académie d’Orléans-Tours, contactée par nos soins n’a pas souhaité réagir, se contentant d’un bref commentaire “Nous connaissant bien ce dossier” Et la direction du collège n’a pas répondu à nos sollicitations

Karen Rôle, déterminée à faire bouger les choses, a contacté la plupart des médias locaux. Par cette action, elle souhaite donner de la visibilité à l’histoire de son fils. Et par un effet domino, au fléau qu’est le harcèlement scolaire. Selon elle “Dès qu’on entend le mot harcèlement, on fait la politique de l’autruche”

Quand on a demandé à Dylan comment il se sent aujourd’hui, l’adolescent ne cache pas que le traumatisme est toujours présent. “Si physiquement ça va mieux, j’ai encore peur… “

Màj (04.03.19) : Depuis le 7 janvier 2019, Dylan a changé de collège. Cette nouvelle intégration se passe plutôt bien. Par ailleurs, il est toujours suivi par le dispositif “Passerelle” pour l’aider à avancer et à se remettre du traumatisme.

Pierre Cibert

Trouvé sur le Bondy Blog Centre