Coronavirus : un jour sans fin pour la culture #2

Les intermittents du spectacle manifestaient le 4 février à Orléans. Ils réclamaient la prolongation de leur régime d’indemnisation chômage.

Voilà bientôt un an que le monde de la culture est quasiment à l’arrêt. Sans perspective de réouverture, les jours deviennent longs pour les artistes et les structures. Dans le premier épisode, le Bondy Blog Centre racontait les difficultés que rencontraient ces travailleur·euses. Cette fois-ci, il sera question de comment les artistes tentent de continuer à travailler avec ou sans public.

Pour certains depuis un an, d’autres six mois, cela fait longtemps que les artistes ne sont pas monté·es sur scène devant un public. Pour autant, ils continuent à s’entraîner, à réfléchir à de nouvelles productions ou à proposer des ateliers ;

C’est le cas à la compagnie de théâtre de rue Fabrika Pulsions. Située au 108, ses membres ont vu toutes leurs représentations être annulées une à une. En attendant, il·elles imaginent alors d’autres représentations, s’entraînent et donnent des cours. « On est obligé de réinventer notre métier. On travaille avec de nouveaux supports que ce soit en visio, au téléphone ou sur les réseaux pour les cours en distanciel. Récemment on a vu comment jouer avec la caméra par exemple » présente Ana Elle, membre de Fabrika Pulsions.

La compagnie organise de nombreux ateliers pour petits et grands. Les plus jeunes ont la chance de pouvoir assister à des cours sur place. Ce 10 février, Ana Elle accueille une quinzaine d’adolescent·es. Masque sur le visage, il·elles répètent la pièce Roméo & Juliette. « C’est plus compliqué de communiquer entre nous. On se voit moins mais on essaye de faire avec », explique Eudélia, une des élèves.

Imaginer de nouveaux formats

Du côté de l’Astrolabe, un autre atelier est organisé. Cette fois-ci, non pas avec des enfants mais avec des internautes. Le 3 février dernier, Angle Mort & Clignotant était en live sur la chaîne Youtube de la salle de concert. En direct pendant 1h30, le groupe de musique orléanais proposait de composer un son avec le public.

« On était en train de composer notre prochain E.P., à distance. Et on s’est dit pourquoi ne pas faire la même chose en ligne, de façon collaborative avec notre public ? », explique Romuald, membre du duo. Résultat, Angle Mort & Clignotant en est à son cinquième atelier-live. « Ici, c’est la version Deluxe parce que le dispositif de l’Astrolabe est incroyable », s’enthousiasme Mathieu du groupe.

Un thème est ainsi donné à chaque début de « Garage Audio ». Ce soir-là, ce sera « cheval fiscal ». Les artistes ont ensuite une heure pour composer leur son avec les propositions des spectateurs.

Non loin de là, en traversant la RN20, d’autres artistes occupent leur temps en attendant la réouverture des lieux. C’est l’atelier Oulan Bator. Situé dans l’ancienne laverie de l’hôpital Madeleine, il accueille 9 artistes aux spécialités artistiques très différentes.

« Tant que je peux faire sans aide, je continue comme ça »

Ici, personne ne touche d’aide. « On est sous forme d’association. Chacun participe au loyer et c’est tout. Le but est d’être totalement indépendants », indique Michael Buckley, céramiste et président de la structure.

Pour l’instant, les artistes survivent au travers d’Internet. « Tant que je peux faire sans aide, je continue comme ça », assure Onie Jackson, peintre. En duo avec Guillaume Garrié, les deux artistes poursuivent leur travail dans leur atelier. « On est déjà de grands confinés, donc la situation actuelle ne change pas grand-chose. »

Seul changement pour tous les artistes de l’atelier, il n’y a plus d’expositions. « Ça été compliqué de se projeter sans idée d’expositions, confie Thomas Wattebled, artiste plasticien. Mais c’est l’occasion de réfléchir à mon travail, de remettre tout ça à plat. »

Romain Pouyau a lui aussi saisi cette occasion. Alors qu’il travaillait dans une entreprise de communication, « je me suis rendu compte en télétravail que c’était juste le lien social que j’appréciais dans ce boulot. » Il décide alors de se lancer en tant qu’artiste colleur. Il est arrivé en janvier à l’atelier Oulan Bator. « Pour moi, la crise sanitaire a été le déclic. »

Trouvé sur le Bondy Blog Centre