Voilà bientôt un an que le monde de la culture est quasiment à l’arrêt. Sans perspective de réouverture, les jours deviennent longs pour les artistes et les structures. Le Bondy Blog est allé en rencontrer plusieurs à Orléans.
Jeudi 4 février, environ 300 personnes défilaient dans les rues d’Orléans. Parmi elles, des intermittents du spectacle, ces travailleur·euses de la culture payés au cachet.
Depuis la fermeture des lieux culturels et l’annulation des événements, leur situation devient difficile. Impossible pour elleux de réaliser les 507 heures annuelles leur permettant de demander l’assurance chômage. Alors pour les soutenir, l’Etat leur a accordé une année blanche depuis mai dernier.
Mais celle-ci a une date limite : le 31 août. « S’il ne nous prolonge pas l’année blanche, on est foutu » s’inquiète une comédienne dans le cortège. C’est leur première revendication au sein de cette manifestation.
Sur le même thème : l’émission À Bâtons Rompus de Radio Campus avec un reportage sur la manifestation du 4 février
Et ce n’est pas le seul problème dans le milieu. « Je n’ai quasiment pas travaillé cette année, et donc je n’ai pas cotisé. Les caisses de cotisations sont en faillite, explique Vincent Lemaire, représentant de la SNAM CGT (Syndicat National des Artistes Musiciens) à Orléans. Si je tombe malade du Covid aujourd’hui, je n’ai pas de quoi me mettre en arrêt maladie. »
« Pourquoi la messe et pas nous ? »
Les droits sociaux ne sont pas les seules choses que les manifestant·es sont venu·es réclamer. La réouverture des salles est également dans la bouche de nombreuses personnes. « Nous, on veut juste travailler. D’autres milieux ont le droit de se rassembler. Pourquoi la messe et pas nous ? » questionne Simon Couratier, saxophoniste.
Même son de cloche au cinéma des Carmes. « Quand on voit le Black Friday, la Fnac était blindée. Et on veut nous faire croire que dans nos salles, c’est le même bordel ? Pas du tout, on est en capacité de faire respecter les mesures sanitaires » affirme Myriam, responsable de l’action culturelle dans le cinéma.
L’attente sans aucune perspective de réouverture devient longue pour les salarié·es des Carmes. « On a tellement hâte de rouvrir, de revoir les gens » confie Valérie, adjointe de direction. Ce matin-là, ils installent une affiche devant : « Le cinéma nous manque, et vous aussi », en attendant de pouvoir y accrocher celles des films qu’ils diffuseront.
En attendant de pouvoir rouvrir, artistes et structures demandent des aides. Pour cela, la mairie d’Orléans a créé un fonds de soutien de 250 000 euros. Une grande partie (200 000 euros) sera dédiée aux « opérateurs culturels », les structures accompagnant les artistes. Le reste sera distribué à des artistes indépendant·es sous forme d’appel à projets.
Financer les répétitions et représentations
Un coup de pouce salué par le Collectif des intermittents et précaires du Loiret. Mais « ce fond écarte de nombreuses personnes, notamment les musicien·nes. Il est nécessaire de trouver d’autres formes d’aides qui puissent être perçues par les plus précaires » réclame Vincent Lemaire de la SNAM CGT.
Parmi les propositions du collectif, financer les répétitions et quelques représentations. Ce projet est en réflexion avec la mairie d’Orléans : « Payer des résidences comme ça, c’est quelque chose qu’on est en train de mettre doucement en place, indique William Chancerelle, adjoint à la culture. L’Astrolabe va notamment bientôt le permettre. Ce sont des solutions intéressantes mais à creuser sur le plan financier. » L’idée serait de faire participer également le département, la région et l’Etat.
Morgane Moal
La suite de cette émission sera publié lundi 1er mars. En attendant, la webtv citoyenne et participative Zotéli, partenaire du Bondy Blog Centre, enregistre une émission samedi 27 février au 108. Elle sera disponible très bientôt sur le Bondy Blog Centre.