Citoyens gilets jaunes et syndicats ensemble à Orléans

Plus de 1500 personnes s'étaient donné rendez-vous à Orléans pour la manifestation de convergence des luttes

Vers une convergence des luttes ?

   Une convergence des luttes semble s’être amorcée ce mardi 5 février à Orléans. Syndicats et Gilets jaunes s’étaient donné rendez-vous à 10h30 sur le parvis de la Cathédrale pour une marche solidaire. J’ai eu l’occasion d’interviewer des gilets jaunes, des syndicats et des citoyens sur leurs revendications et leurs attentes quant à cette première manifestation rassemblant syndicats et citoyens gilets jaunes.

   De nombreux syndicats étaient présents (CGT, SUD, FSU, UNEF…) et tous s’accordaient sur le fait qu’ils partagaient de nombreuses revendications portées depuis novembre par les gilets jaunes. Ramiro Aurélio, secrétaire général des syndicats CGT du Loiret témoigne : “Toutes les conditions sont réunies avec les gilets jaunes. Il faut arrêter les débats et prendre des décisions politiques. La colère monte. Il y a plus de neuf millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. On fait parti des cinq puissances les plus riches, il faut une répartition des richesses qui va toujours vers une minorité et non pas vers le plus grand nombre”.

La rue est un lieu de socialisation

   D’une manière générale, les syndicats affichaient prudemment leur ralliement au mouvement des gilets jaunes et leurs revendications concernaient avant tout les travailleurs. La volonté est là mais il s’agit de montrer patte blanche. Marc de SUD soutient la convergence des luttes : “Au début, il y a eu un round d’observation pendant lequel les gilets jaunes se disaient apoltiques, asyndicaux… Aujourd’hui le mouvement a évolué. La rue est un lieu de socialisation, de culture populaire. Le seul obstacle à cette convergence serait la résignation. Aujourd’hui on vit dans une économie de zéro stock, de flux tendus, d’économie internet. En trois jours de grève, ont peut faire beaucoup…”.

L’esprit de solidarité des rond-points

   Dominique Picard est une élue locale “Je suis là aujourd’hui comme je l’ai été de nombreuses fois. La contestation sociale ne date pas d’hier. Je revendique la justice sociale, que chacun puisse vivre de son travail et non pas survivre. Je revendique un juste partage des richesses. Je souhaite que l’on retrouve ici cet esprit de solidarité qui s’est créé autour des ronds-points. Ce n’est pas par hasard que les rond-points ont été choisis. Ce sont des lieux de rassemblement pour les voitures et maintenant pour les gens…”

Les classes populaires sont sous-représentées dans les médias

   Certains gilets jaunes ne souhaitaient pas être enregistrés car ils restent méfiants du traitement médiatique de leur mouvement : “Ils montrent du sensationnel et entretiennent la peur sans parler du fond. Les classes populaires sont sous-représentées à l’écran.” Quand aux violences policières à Paris, l’un d’eux témoigne “Je ne m’attendais pas à ça. Nous nous sommes fait agresser à Bastille”. Il me montre des photos de sa participation aux manifestations parisiennes. Les images montrent une ambiance calme et bon enfant : “Tout se passait bien depuis Place de la Nation, en passant par République puis Opéra… Place de la Bastille, les CRS nous ont encerclé alors que tout se passait dans le calme. Je ne m’attendais pas à ça ! Depuis il y a eu l’agression de Jérôme Rodriguez. L’agression de l’un des notres nous motive dans notre solidarité contre toutes les violences, contre les violences des casseurs et contre les violences des forces du maintien de l’ordre…”. Un citoyen gilet jaune originaire de Darvoy ajoute :  « Nous souhaiterions plus de pouvoir local. En plus du grand débat national il faudrait un grand débat régional, départemental et communal. J’ai écrit treize pages dans le cahier de doléances à Darvoy. J’ai parlé du pont de Jargeau, de la ligne de chemin de fer vers Chateauneuf… »

C’est la finance qui a le pouvoir…

   Il serait réducteur de juger ces citoyens à la couleur du chasuble qu’ils portent. Ceux que j’ai interrogé ce mardi se sont toujours définis comme citoyen plutôt que comme “Gilet jaune”. Le chasuble n’est en fait qu’un signe d’appartenance et de solidarité à ce mouvement social populaire. En effet, la plupart de ces citoyens ne manifestaient pas prioritairement pour leur propre intérêt. Ils sont avant tout solidaires des conditions de vie de leurs aînés retraités, de leurs enfants futurs travailleurs, des chômeurs, des SDF. Ils ont dénoncé : “Les grandes entreprises qui ne partagent pas leurs richesses, les promesses non tenues du gouvernement… La dette de la France à laquelle il faudra mettre un terme… La revalorisation des salaires, des retraites… Les jeunes qui n’ont pas de perspectives d’emplois… La situation des fonctionnaires…”. Max est gilet jaune, il m’explique :“Il faut arrêter de faire croire que ce sont les politiques qui ont le pouvoir. Le pouvoir, c’est la finance qui l’a actuellement et nous on voudrait que ça s’arrête, que ça soit nous le peuple qui ayons le pouvoir. Ca serait quand même la moindre des choses. Nous payons des impôts et nous ne sommes pas écoutés. A côté de cela les GAFA (Google Apple Facebook et Amazon) ne payent pas d’impôts et sont écoutés”. Un peu plus loin, par le micro et la sono de la CGT, rendez-vous est donné aux manifestants pour se retrouver devant Amazon l’après-midi puis devant XPO logistics le lendemain…

  La représentation d’un treizième acte semble déjà consentie par la foule nombreuse dans les rues orléanaises (1) et plus encore dans la rue numérique (2).

  Retrouvez ci-dessous, tous les témoignages enregistrés lors de la manifestation du 06 février 2019 à Orléans :

1.

http://www.magcentre.fr/171567-syndicats-et-gilets-jaunes-dans-la-rue-ce-mardi-matin-a-orleans/

2.

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Daniel Beghdad

Trouvé sur La Rédac Pop, le média participatif et citoyen de Radio Campus Orléans