Alter-Votants, le collectif qui vous redonne envie d’aller voter

A l’approche des élections présidentielles, le collectif Alter-Votants redonne du sens au débat et au vote. Comment ? En permettant à des électeurs indécis d’être mis en relation avec des personnes privées du droit de vote sur le territoire. L’objectif est simple, il faut que toute personne majeure, actrice de la société française ait l’opportunité d’exprimer sa voix lors des élections 2017.

Par Leslie Fornero

Rachel, Thomas et Robert travaillent avec des personnes qui résident en France depuis longtemps mais qui n’ont pas le droit de vote. Ces personnes ont des idées, elles ont des ambitions politiques, elles payent des impôts,  envoient leurs enfants à l’école, mais elles ne pourront pas se prononcer le jour des élections présidentielles et législatives. « Ce n’est pas normal que nous, on puisse voter et pas eux alors qu’ils agissent autant que nous au sein de la communauté française », explique Rachel, co-fondatrice du collectif Alter-Votants.

A force de constater le nombre croissant d’indécis ou de déçus du système qui ne comptent pas aller voter ou ne savent pas pour qui voter, le trio a décidé d’agir et de mettre en place « une plateforme de mise en relation ». Le principe est simple : un étranger sans droit de vote est mis en relation avec un français qui jouit de ce droit de vote. Ils se contactent, discutent ensemble et à la fin, l’étranger donne une procuration officieuse à la personne jouissant du droit de vote. « Notre volonté est  de permettre aux étrangers de participer à la vie publique et nous souhaitons, si  la plateforme rencontre le succès,  promouvoir la reconnaissance du droit de vote des étrangers » explique Thomas.

 

« Il faut déconnecter la nationalité de la citoyenneté »

Sur les quatre millions d’étrangers vivant en France, plus de la moitié est arrivée sur le territoire depuis plus de dix ans. Ces personnes n’ont pas le droit de vote parce qu’elles n’ont pas la nationalité française. Pour acquérir cette nationalité française, c’est un vrai parcours du combattant. C’est pour ça qu’ « il faut déconnecter la nationalité de la citoyenneté », insiste Thomas, « on n’est pas obligé d’avoir la nationalité française pour être citoyen français et s’intéresser à la vie politique. On peut très bien être étranger et citoyen ».

Pour l’heure, une vingtaine de binômes a vu le jour, avec des profils très différents. Au début, la demande était plus forte du côté des électeurs indécis, puis la tendance s’est inversée, grâce au bouche à oreille, les étrangers se sont inscrits en plus grand nombre et ça marche !

« En 2017, j’ai décidé de ne pas voter en mon nom propre mais de donner ma voix à une personne réfugiée privée du droit de vote. Ensemble nous nous sommes mis d’accord pour que : je vote sans réserve pour qui il souhaite, pour les deux tours de l’élection présidentielle, à la seule condition que le vote ne soutienne pas un parti qui contribue de manière délibérée et notoire à saper le vivre-ensemble, notamment avec les personnes d’origine étrangères en France », témoigne Marie sur le site internet d’Alter-Votants.

Un acteur de la Civic Tech

Avec ce projet, le collectif Alter-Votants espère replacer le droit de vote des étrangers dans la question nationale, une question oubliée des pouvoirs publics qui doivent s’emparer du sujet. Cependant, le collectif ne se veut pas politique dans le sens où la plateforme est un outil : « on ne veut pas se substituer aux associations qui militent depuis des années pour le droit de vote des étrangers ». Aujourd’hui partie intégrante de la Civic Tech, Alter-Votants est de ceux qui veulent révolutionner la démocratie grâce au numérique. La machine est en marche…

 

Le site internet : http://alter-votants.wixsite.com/2017

 

Pour en savoir plus :

Quelques chiffres  (Insee 2014) :

  • Environ 3,6 millions de personnes nées à l’étranger de nationalité étrangères sont présentes en France, sans le droit de vote.
  • 70% des étrangers en France sont présents depuis plus de dix ans sur le territoire.
  • Le traité de Maastricht (1992) a obligé la France à ouvrir le droit de vote aux élections locales pour les seuls étrangers ressortissants de l’UE.
  • Ils travaillent, cotisent aux organismes de solidarité, paient des impôts et des taxes, participent au dynamisme et à l’économie de la société.
  • 93% de la population en âge de voter est inscrite sur les listes électorales en France.
  • 13% d’abstentionnistes (soit environ 5,08 millions du corps électoral français) aux scrutins présidentiels et législatifs de 2012, sans compter les votes blancs ou nuls.
  • 49% d’abstentionnistes aux élections régionales en 2015, sans compter les votes blancs ou nuls.​
  • La loi du 21 février 2014 dispose que « Les bulletins blancs sont décomptés séparément et annexés au procès-verbal. Ils n’entrent pas en compte pour la détermination des suffrages exprimés, mais il en est fait spécialement mention dans les résultats des scrutins. »
Trouvé sur le Bondy Blog Centre