Le département d’espagnol de l’université d’Orléans et Le Bouillon organisent le premier Festival du film latino-américain à Orléans. La programmation, constituée par cinq films, a commencé à être exhibée depuis le 5 novembre et se poursuivra jusqu’au 26 novembre au cinéma Les Carmes et dans des amphithéâtres de l’université.
Le département d’espagnol de l’université d’Orléans, épaulé par Le Bouillon et le Pragda Spanish Film Club, a lancé le premier Festival du film latino-américain à Orléans, le 5 novembre dernier. Constituée par cinq films, la programmation montre la diversité des réalités en Amérique latine. Les séances sont gratuites pour tout le public sur réservation jusqu’au 26 novembre.
Un dernier film à visionner
Il reste un film à projeter pour clôturer ce festival. Il s’agit de Carajita de Silvina Schnicer et Ulises Porra (VOST, 1h26). Ce film argentino-dominicain raconte l’histoire de Sara et sa nourrice Yarisa, qui ont une relation qui semble transcender leurs classes sociales. Mais un accident va remettre en cause leur loyauté et l’illusion naïve que rien ne pourrait les séparer.
La projection est prévue le mardi 26 novembre à l’amphithéâtre Peguy de l’UFR Lettres, Langues et Sciences humaines. Gratuit pour tous, dans la limite des places disponibles
Informations et réservation dans ce lien.
Les professeurs Jimena Larroque et Marcos Eymar, organisateurs du festival, évoquent la pertinence des sujets latino-américains après les récentes élections présidentielles aux États-Unis. Plusieurs films abordent la migration, un phénomène au cœur de la campagne présidentielle et entouré des stéréotypes qui affectent, plutôt, ceux qui ont quitté leur pays d’origine.
Un festival né un peu par hasard
“Il faut parfois savoir choisir les occasions qui se présentent à nous”, exprime Jimena Larroque, principale organisatrice du festival. Elle parle des personnes et des circonstances qui l’ont amenée à imaginer cette initiative : des cours de cinéma et une amie argentine qui l’a mise en contact avec Éric Dubele, cinéaste et collaborateur du Pragda Spanish Film Club, une structure dont l’objectif est de soutenir l’échange entre des réalisateurs et des enseignants.
Un mail après un autre, la maîtresse de conférences a découvert la bourse du Pragda qui sert à financer des festivals de cinéma espagnol et latino-américain. C’est ainsi que, au côté de 80 universités états-uniennes, l’université d’Orléans, française et européenne, a obtenu les fonds pour montrer le cinéma latino-américain à ses étudiants et aux habitants de l’Orléanais.
Des réalités différentes aux thématiques en commun
Le premier principe pour choisir les films du festival a été la langue, car parmi un catalogue impressionnant, Jimena Larroque n’a sélectionné que ceux qui avaient déjà des sous-titres en français, ce qui n’était pas le cas pour la plupart d’entre eux. ”Je voulais proposer un festival pour un public pas uniquement hispanophone, donc avec des sous-titres en français. Il n’y en avait pas beaucoup puisque, normalement, le public de cette structure est étasunien”, analyse-t-elle.
À lire aussi sur notre site. « All we imagine as light », un film primé à Cannes, a été cofinancé par la Région Centre-Val de Loire
Ensuite, le deuxième principe pour choisir la programmation a été de montrer la diversité de l’Amérique Latine. “Diversité aussi bien des pays représentés que de style ou d’esthétique et d’histoire”, explique Jimena. Une sélection qui, à son avis, reste restreinte en raison de l’ampleur du sous-continent. “Il y a quand même un certain nombre de pays qui sont représentés, dont le Mexique, le Costa Rica, la République dominicaine, la Bolivie. C’est modeste, mais c’est quand même intéressant”, souligne-t-elle.
Néanmoins, en souhaitant montrer la diversité, les organisateurs ont repéré des thématiques communes entre les cinq films : des femmes, des enfants et des migrants. Le professeur Marcos Eymar porte une attention particulière à l’immigration vers les États-Unis. “Les frontières entre les Etats-Unis et l’Amérique latine ne sont pas aussi étanches qu’elles l’étaient auparavant, note-t-il. La plupart de ces films sont projetés aux Etats-Unis. Ça montre qu’il y a un intérêt aux Etats-Unis vis-à-vis de l’Amérique latine. Et il est important que ces films soient diffusés en France.”
Le cinéma comme “une fenêtre ouverte à d’autres réalités”
Jimena Larroque parle de l’importance de s’approcher au cinéma de n’importe quelle origine. “Je pense que le cinéma est une fenêtre ouverte à d’autres réalités, à d’autres problématiques. Des problématiques qui, en partie, sont singulières à un pays, certaines à un continent, mais également universelles. (…) Donc, je pense que c’est vraiment une manière de mieux comprendre, de mieux se comprendre et de mieux comprendre le monde.”
De son côté, Marcos Eymar évoque l’importance de donner plus de visibilité aux films latino-américains dans l’Hexagone. “Ce sont des films qui n’ont pas de diffusion en France au-delà des festivals de cinéma. (…) Et puis, il ne faut pas oublier que l’Amérique latine, c’est presque 600 millions de personnes. C’est un sous-continent immense, très peuplé, avec beaucoup d’histoires passionnantes. Un continent qui, malgré tout, est toujours victime de beaucoup de stéréotypes.”
Le spécialiste des littératures hispano-américaines l’assure : « On va entendre avec la nouvelle administration de Donald Trump un discours extrêmement négatif sur l’Amérique latine, lié surtout à la criminalité.” Après les récentes élections présidentielles aux États-Unis, il est plus que jamais pertinent d’en parler, selon lui. “Il est essentiel de contrecarrer cette image en montrant que, même s’il y a évidemment des problèmes sociaux qui ne sont d’ailleurs pas l’apanage de l’Amérique latine, c’est une région extrêmement diverse, riche, avec des artistes d’un talent énorme”, ajoute-t-il.
Quel avenir pour ce festival ?
Une trentaine de personnes a assisté à la deuxième séance du festival au cinéma Les Carmes pour regarder Los Lobos (Samuel Kishi, 2019). Au vu de l’intérêt du public, il est possible qu’un second festival du film latino-américain puisse voir le jour d’ici l’année prochaine ou dans deux ans, selon Jimena Larroque. Il faudra, néanmoins, essayer d’obtenir à nouveau la bourse et le soutien de l’université d’Orléans.
L’avenir du festival étant difficile à envisager, peut-être est-il plus pertinent de se focaliser sur les possibilités de cette première édition, en raison des attentes importantes des organisateurs. Jimena Larroque, par sa part, souhaite encourager les étudiants et les élèves d’Orléans à « pousser la porte de lieux culturels ». Elle veut également souligner que le cinéma est un endroit idéal pour des expériences individuelles et collectives : “À part voir un beau film en grand écran, (…) c’est aussi pouvoir en parler avant et après, pouvoir échanger.”
Marcos Eymar évoque, quant à lui, l’opportunité d’approcher les jeunes des latitudes lointaines. “Je crois qu’en France, on connaît assez mal le cinéma latino-américain, donc c’est l’occasion de faire découvrir de nouvelles générations de metteurs en scène, d’apprendre plus sur cette région du monde (…) et aussi de motiver nos étudiants en proposant peut-être des activités pédagogiques un peu différentes.”
Fernanda Nayeli López Veloz