Le 16 et 17 juin, le stade de l’IRJS (Saint Jean de la Ruelle) accueillait la 31ème édition du festival « Le grand unisson ». Au programme de la musiques actuelles dont l’une des éminentes porteuses, la puissante rappeuse multiculturelle Tracy De Sà. A cette occasion, elle est venue pour une rencontre avec les habitants à la Maison pour tous (espace Rol tanguy) de Saint Jean de la Ruelle le juin 15 juin. Exerçant dans un milieu hip hop encore régi par les hommes, Tracy milite activement pour l’égalité des genres, pour la libertés des femmes et la réappropriation du corps. La rédac Pop de Radio Campus Orléans a eu l’occasion de revenir avec elle sur ses combats, son inspirations et ses espoirs pour les générations futures.
Féministe en place
Féministe engagée, Tracy De Sà n’hésite pas à dénoncer le milieu de la musique, un milieu. majoritairement constitué d’hommes et encore ancré dans le machisme. Elle a pu constater que beaucoup de clichés concernant les femmes subsistent. C’est contre ces réflexions, comportements et pensées marqués par le patriarcat qu’elle a décidé de se dresser.
Ce choix qui résulte d’une réflexion ; se saisir de ces questions avant qu’elles ne s’imposent à elle. Tracy a pris les choses en main et entamé une lutte de déconstruction du monde hip hop. Elle dit stop au tabous concernant la condition de la femme.
Consciente de l’ampleur du défi qu’est le sien, elle s’entoure afin de porter le combat au niveau international. C’est ainsi qu’elle a créé les Pussy talks et les Pussy Club. Il s’agit de l’union à travers le monde d’artistes dont l’objectif est de faire une place dans le milieu de la musique sans attendre l’intervention des hommes. « Tout le monde mérite sa place » ; La sororité et l’unification de femmes artistes et multiculturelles font partie des thèmes qu’elle développe dans ses compositions.
Une mosaïque de cultures
Arrivée en France à la suite d’un long parcours migratoire, cette route a une grande influence sur sa musique. Partant de l’Inde (Goa) qui l’aura menée au Portugal puis en Espagne pour finalement rejoindre la France, elle propose aujourd’hui une musique multiculturelle représentative de l’esprit migratoire. Sa direction artistique est un mélange d’influences et de langues, proposant ainsi une voix différentes des autres rappeur.e.s.
Son souci du pluralisme se constate aussi dans les feat qu’elle propose. Si le pussyclub tend à vouloir donner sa place à chacune, elle met aussi au centre de son projet, le lien culturel car « Pour recevoir il faut donner ».
Un message qui a une portée internationale et qui fait écho jusqu’à son pays où la lutte pour les droits des femmes se joue d’une autre manière. Tracy De Sà a compris qu’il ne s’agit pas de coller à une vision occidentale du féminisme dans le monde entier. Elle entreprend un travail qui sera long mais nécessaire, celui de dialoguer jusqu’à trouver un point de paix entre plusieurs conceptions de l’oppression patriarcale, raciale et capitaliste.
Un chant nouveau de revendications
Tracy souhaite offrir la possibilité de s’exprimer à celles et ceux qui bien souvent sont cantonnés au silence. En plus de sa carrière musicale en constante ascension, elle prend du temps pour échanger avec différents publics afin de sensibiliser sur les causes qu’elle défend. C’est ce qui s’est passé ce jeudi 15 juin où elle est venue à la rencontre des gens qui souhaitaient discuter avec elle de la place des femmes dans le milieu de la musique.
Cet engagement militant, ce passé migratoire et cette conviction féministe, elle les porte également sur scène. Une chose qu’elle a démontré le lendemain à l’occasion du festival « Le Grand Unisson ».
L’émission est à retrouver ci-dessous :
Steven Miredin