« Que le monde ne nous oublie pas » : Aymeric Caron a présenté son film de soutien aux Palestiniens à Orléans

Aymeric Caron (au premier plan à gauche) a présenté son film à Orléans. Photos Steven Miredin
Aymeric Caron (au premier plan à gauche) a présenté son film à Orléans. Photos Steven Miredin

Ce 12 octobre, Aymeric Caron était l’invité du collectif Urgence Palestine Orléans. Lors de cette rencontre, à la salle polyvalente Eiffel, le député LFI a partagé avec le public son film revenant sur plusieurs mois de massacres dans la bande de Gaza.

Aymeric Caron est venu à Orléans à la demande du collectif Urgence Palestine Orléans. Lors d’un ciné-débat organisé le 12 octobre dernier, le député de La France insoumise a présenté son film diffusé le 29 mai dernier à l’Assemblée nationale. Gaza : Depuis le 7 octobre revient sur les huit premiers mois des bombardements subis par les Gazaouis depuis le 8 octobre 2023.

Des actes de plus en plus qualifiés de « génocide », terme sur lequel débattent historiens et juristes. En mars 2024, Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies, avait elle-même affirmé qu’« il existe des motifs raisonnables de croire que le seuil permettant de qualifier la situation de génocide a été atteint ».

Un film « pas regardable »

Le film réalisé par Aymeric Caron « nécessite malheureusement un travail d’actualisation », comme il le dit lui-même. Une alerte sur « le plus grand drame humanitaire du XXIe siècle ».

Aymeric Caron, député LFI.

Avant la projection, le parlementaire a prévenu le public que cette production est conçue pour être « un film pas regardable ». Pour cause, il s’agit d’une succession d’images sur le massacre qui se déroule sur les terres palestiniennes, délivrant une impression de boucle horrifique qui revient chaque jour. Ce n’est pourtant pas faute d’épargner au public les images les plus atroces. 

Le film commence sur la vision d’un enfant ayant survécu de peu à un bombardement. Les images de petites filles et petits garçons blessés ou tués s’enchaînent. « Y a-t-il une raison pour que les enfants meurent ? », demande un médecin.

Au début, deux couleurs prédominent à l’écran : le noir et le rouge. Le noir de la suie et le rouge du sang. Puis, quand la poussière retombe, tout devient blanc. Seul le rouge reste. Le sang est présent à chaque instant, durant chaque scène.

Le sang comme fil conducteur de ce drame

Quand retentit un bombardement, tout s’arrête. Les voix deviennent muettes, les respirations se coupent dans l’attente de la fin des explosions. S’ils ne sont pas tués, les gens se mettent alors à fuir. Dans la salle, le public assiste à l’impuissance des pompiers et des médecins parfois en larmes, toujours démunis.

Au 30 octobre 2023, il était estimé que 3.200 enfants avaient été tués ou déclarés disparus. Le mois de novembre 2023 arrive. Les Gazaouis cherchent des enfants sous les décombres. Le sang est toujours présent, comme fil conducteur de ce drame.

Selon le film, les forces israéliennes n’ont aucun intérêt à la paix, elles méprisent les drapeaux blancs. Ce qu’elles chercheraient ne serait ni une vengeance, ni une conquête. Elles ne seraient motivées que par le sang. Elles l’appelleraient, le célébreraient et le font couler.

« Est-ce un rêve ou la réalité ? », demande une petite fille. La question mérite d’être posée. Comment peuvent se produire autant d’actes inhumains ou dégradants sans que le monde ne se sente obligé d’intervenir ? Comment le monde peut accepter qu’un père dise, « adieu ma fille », en quittant ce qui reste d’un hôpital ?

Chaque vie sauvée devient un miracle célébré. Mais très vite, si les bombes ou l’armée ne tuent pas les Palestiniens, c’est la famine qui les emporte. Rien n’est épargné, ni les hôpitaux, ni les écoles. Des soldats israéliens clament, « c’est notre plage », derrière une étendue de ruines. Le député LFI affirme que « les Israéliens n’ont rien à y gagner ». La phrase suivante, déclamée par un militaire israélien, résume la logique coloniale de son gouvernement : « Chers Gazaouis, vous ne valez pas cher ».

« Je ne veux pas mourir »

Les mois se suivent et les images continuent de défiler. Un homme palestinien fait un voeu pour une petite fille ayant fui le nord de la bande : « J’espère que ta mère pourra revenir après la guerre. » Le public se demande où elle va revenir. Dans la salle, certaines personnes détournent le regard, d’autres gorges serrées laissent échapper un soupir, quand les plus émotives fondent en larmes et quittent la salle.

Le film évoque également la propagande israélienne. « Il n’y a pas de population innocente à Gaza », hurle une avocate franco-israélienne sur les plateaux de télé. « Un civil non impliqué n’est pas innocent pour autant », affirme un autre représentant du gouvernement israélien. Benyamin Netanyahou et ses sbires sont montrés en train d’empêcher l’accès de l’aide humanitaire, malgré les consignes de la Cour internationale de Justice.

Pendant que des enfants crient, « je ne veux pas mourir », d’autres décident d’écrire leur nom sur leur peau pour être identifiés lorsque leur corps sera retrouvé. Cela fait maintenant un an que les enfants sont privés d’enfance.

Un médecin témoigne de l’horreur de Gaza

Au côté d’Aymeric Caron, le Docteur Mehdi El Melali était présent pour témoigner de son vécu dans la bande de Gaza. Présent sur place pendant trois semaines, suite à une mission humanitaire, il est venu transmettre le message des Gazaouis : « Ne nous oubliez pas ». 

Mehdi El Melali, médecin revenu d’une mission humanitaire à Gaza.

Si ce long métrage ne dure pas plus d’une heure et demie pour nous, le député rappelle que les Gazaouis ne peuvent arrêter leur propre film qui dure maintenant depuis plus d’un an.


Rassemblement d’extrême droite

De l’autre côté de la rue, se tenait un rassemblement de personnes contre la journée de soutien au peuple palestinien. D’après le site Internet de Reconquête, le parti zemmouriste d’extrême droite, une demande d’annulation de la projection du film et du ciné-débat aurait été déposée auprès de la Ville d’Orléans et de la préfecture du Loiret, qui n’en ont visiblement rien fait.


Steven Miredin

Trouvé sur La Rédac Pop, le média participatif et citoyen de Radio Campus Orléans