Quand université rime avec précarité : le point sur l’enquête de la fédération ÔCampus sur la condition étudiante à Orléans

La précarité a des conséquences sur la réussite universitaire. Photo d'illustration Thought Catalog via Unsplash License
La précarité a des conséquences sur la réussite universitaire. Photo d'illustration Thought Catalog via Unsplash License

Alors que la rentrée universitaire s’est effectuée, une problématique revient inlassablement, tel un boomerang : la précarité étudiante. Selon la dernière enquête de la fédération ÔCampus, publiée en mai 2024, près de la moitié des étudiant.e.s orléanais.e.s ne mangent pas à leur faim…

Septembre 2024. C’est l’heure de la rentrée pour les étudiant.e.s de l’université d’Orléans et de la région Centre-Val de Loire. Avec elle viennent bien sûr la reprise des cours et des examens, mais aussi des tracas de la vie quotidienne.

Alimentation, logement, factures, travail salarié… Pour de nombreux étudiant.e.s, université rime avec précarité. Ce phénomène, bien connu, a été documenté par plusieurs études, comme celle d’ÔCampus. La fédération orléanaise a sorti en mai dernier une enquête sur la condition des étudiants pour l’année 2023 dans la région.

Notre émission est à retrouver ici.

Un chiffre se révèle particulièrement inquiétant : 46,8 % d’étudiant.e.s ne mangent pas à leur faim. Une hausse énorme, de près de 20 points, depuis seulement trois ans. « Ce chiffre est d’autant plus alarmant quand on sait que la moitié de ces 46,8% ne sont pas boursiers. Du coup, ils ne bénéficient pas des repas à 1 euro du Crous (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) qui pourraient les aider financièrement à s’alimenter correctement », constate Fleur Raymond.

Tous les budgets à côté du loyer ont augmenté

La présidente d’ÔCampus estime que l’inflation joue beaucoup dans cette diminution des moyens personnels. « Tous les budgets à côté du loyer ont augmenté, indique-t-elle. Que ce soit l’électricité, les transports en commun, la vie quotidienne… Quand j’ai commencé mes études, je me souviens que je payais 25 euros d’électricité par mois. Maintenant, ce n’est plus le cas. On paye 50 euros de plus qu’on ne met plus autre part. » Le baromètre annuel du syndicat Unef, publié en août, confirme d’ailleurs que près de la moitié des étudiant.e.s ne mangent pas à leur faim.

Mais loin de ne dénoncer que les conditions alimentaires, l’enquête d’ÔCampus se concentre aussi sur les difficultés liées au logement. Près de 35% des étudiant.e.s orléanais.e.s déboursent entre 350 et 500 euros de loyer par mois alors que près de la moitié d’entre eux vivent avec un revenu d’environ 350 euros par mois. Là encore, l’Unef semble en accord avec cette analyse : le syndicat estime que les loyers ont grimpé de 4,5% dans le parc privé, sans compter les charges.

« On enlève la vie sociale »

L’enquête met aussi en avant les difficultés informatiques traversées par les étudiant.e.s. 37,5% seraient ainsi confrontés à des difficultés pour accéder à une connexion internet de qualité. « Mais le chiffre est en baisse », pondère Fleur Raymond. Elle souligne les efforts effectués par l’université d’Orléans qui « a mis en place des systèmes de prêts informatiques« . La Région a aussi sa part avec, par exemple, la possibilité pour des élèves situés à l’échelon le plus haut de bourse, d’acheter un ordinateur à partir de 20 euros.

Toutes ces difficultés conditionnent forcément le bien-être des étudiant.e.s. Leur réussite aussi. « Un étudiant a aussi besoin de sortir, de voir des amis, d’aller boire un verre, d’aller au cinéma, insiste la présidente d’ÔCampus. Tout cela, ce sont des budgets, des coûts supplémentaires. (…) On enlève la vie sociale, on enlève l’argent et on se retrouve avec des étudiants qui essaient de faire leurs études sans avoir tout cet aspect de vie sociale à côté qui, forcément, aide à mieux réussir. »

Thomas Derais

Trouvé sur le Bondy Blog Centre