Liberté, égalité, fraternité, discriminer

J’existe depuis la nuit des temps, je traverse la planète et les siècles, je prends souvent racine dans l’arrogance des puissants et des hommes d’influences, je m’alimente de leur amour du pouvoir, de leur peur ou de leur mépris pour la différence.

Mes victimes sont les faibles, les femmes, une religion, une culture ou même une couleur de peau… Je les blesse au plus profond d’eux même leur arrachant leur droit les plus fondamentaux.

Tel le caméléon je me faufile dans la peau de celui qui en silence observe le manège incessant des politiques des chefs d’entreprises, et de tous ceux qui aujourd’hui rejettent au grand jour. Chaque témoin passif est complice et porte en lui le germe du discriminant assumé, qui par son silence laisse un peu plus la gangrène s’installer. Vous m’avez certainement reconnu,  je suis la discrimination.

Interrogeons-nous sur nos actions quotidiennes. Que faisons nous concrètement pour inverser la vapeur, pour faire barrage à cette locomotive qui avance a vive allure qui fauche les plus faibles, au services des puissants, prenons-nous notre destin en mains ou l’avons nous définitivement abandonné  à ceux qui n’ont que du mépris a notre égard car seuls leurs privilèges comptent?

Toute discrimination est condamnable, or il semblerait qu’il existe une hiérarchisation des discriminations, certaines compterait plus que d’autres, l’islamophobie est typiquement le syndrome de ce mal qu’on ne veut pas voir, que l’on n’admet pas, que l’on ne veut pas nommer ni assumer.  Aucune personnalité du gouvernement français n’a prononcé clairement ce mot «  islamophobie  » dans de dernières déclarations sur la «  discrimination  ». Pire, le Premier Ministre Manuel Valls a tenu ces propos inqualifiables, lors d’une manifestation publique le 4 avril dernier  :  «  Ces attentats, ces actions, ces comportements se font au nom de l’islam. Ils [salafistes], doivent représenter 1% aujourd’hui des musulmans dans notre pays, mais leur message, leurs messages sur les réseaux sociaux, il n’y a qu’eux finalement qu’on entend  »… Sous-entendu «  Les autres musulmans, vous laissez faire  »…

Ce mal est comme la kryptonite des politiques, incapables de l’enrayer ;  et contribue à la banalisation du discours islamophobe dans l’espace public. Rappelons quelques chiffres recenses par le CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France)  : en 2015 il y a eu plus de 900 actes islamophobes, soit une augmentation de plus de 18% par rapport a 2014.

65% des actes islamophobes sont des discriminations, et 64% de ces discriminations surviennent dans les institutions. Chiffres qui illustrent bien le phénomène structurel qu’est l’islamophobie

Notons également une augmentation du passage a l’acte : Pour la première fois dans leurs recensements, les agressions physiques dépassent les agressions verbales. Ce sont 55 agressions physiques qui ont été recensé, soit un peu plus de 4 par mois.

Fait également notoire, 82% de ces  agressions sont dirigées contre les femmes.

Ces femmes musulmanes pour le grande majorité, françaises de naissance, subissent un rejet par le simple fait de porter un vêtement, un voile sur la tête, ce voile qui déchaîne chez nos dirigeants, une haine qu’ils transmettent aisément à bon nombre de français. Dans l’Orléanais, rappelons l’agression d’une extrême violence dont ont été victimes deux femmes musulmanes à Saint Jean de Braye en 2013 par un homme en pleine rue, cette agression aboutira d’ailleurs a une peine d’emprisonnement. On peut également citer le saccage des pompes funèbres musulmanes MUSLIM ASSISTANCE à Orléans La Source en 2014.

Toutes ces agressions n’ont pas été condamnés publiquement par quelque élu que ce soit, Les Français de confession musulmane semblent être des citoyens de seconde zone, avec des droits inférieurs aux autres Français,  comme l’a très clairement exprimé sans aucun complexe M. Grouard, député et ancien maire d’Orléans, dans sa «  Lettre aux Musulmans  » en avril dernier, dans laquelle il affirmait que les musulmans ont plus de devoirs que de droits, propos qui remettent en cause le pacte républicain. Invité par des associations locales pour venir débattre de ses propos, Serge Grouard refusera.

 

Alors oui il y a urgence, chacun de nous se doit d’être le porte drapeau de la lutte contre toutes les discriminations. C’est, en cela que réside notre dignité d’êtres humains . La lumière doit l’emporter contre l’obscurantisme.

Trouvé sur La Rédac Pop, le média participatif et citoyen de Radio Campus Orléans