Peut-on s’attaquer au sport ? C’est tout le jeu d’équilibriste auquel s’est frotté Michel Caillat ce mardi 26 mars, au lycée Jean-Zay d’Orléans, dans une conférence intitulée « Le sport : idéal ou imposture ? ».
« Le sport est une philosophie de la vie », selon Pierre de Coubertin. Une citation mise en perspective au lycée Jean-Zay, le 26 mars, à l’occasion d’une conférence donnée par un journaliste et sociologue du sport. Michel Caillat a tenté de briser le mythe du sport au cours de ce temps organisé par Philomania. Une étude assez rare puisque le sport reste bien souvent en dehors du débat social.
Michel Caillat part du principe qu’il faut distinguer sport et effort physique. Il note que le mot « sport » fait l’objet d’une polysémie de sens, faisant du sport l’objet d’une définition arbitraire. Afin d’être sûr de parler de la même chose, le chercheur propose une définition réunissant quatre critères : institution motrice ; règles ; compétition ; institutionnalisation.
Le sport n’est pas apolitique
« Le sport n’a pas d’autonomie politique ». En déclarant cela, Michel Caillat fait référence au fait que le pouvoir politique intervient sportivement. Cette intervention est évidemment visible au niveau national, en témoigne l’organisation des Jeux olympiques 2024. Mais elle est aussi locale, à notre échelle. Le choix de construire à Orléans le grand complexe pouvant accueillir des événements sportifs qu’est Co’Met est avant tout un choix politique.
La politique s’exprime aussi dans le sport au travers des compétitions internationales. Durant les Jeux ou les Coupes du monde, Michel Caillat relève un fort nationalisme sportif. Partant de cela, il développe l’idée que le sport est avant tout un « outil de propagande ».
A ce titre, il développe différents exemples comme l’Italie en 1934, l’Allemagne de 1936 ou l’Argentine de 1978 dont la compétition internationale a permis le maintien du régime pendant les quatre années qui ont suivi. Michel Caillat explique que le sport fonctionne avec les régimes les « plus durs« .
L’approche des Jeux olympiques et d’un nouveau drame humain
Si Philomania a organisé cette conférence autour du sport, il est difficile de ne pas faire le lien avec l’approche des Jeux olympiques de 2024 à Paris. Cet événement est sujet à de nombreuses critiques, notamment concernant son organisation. Même si Orléans n’est pas directement concerné par l’expulsion des étudiants de leur résidence Crous (à écouter dans l’émission A bâtons rompus du 2 avril), le « nettoyage de Paris » a fait arriver un nombre important de sans-abris directement à Orléans. La place du sport, telle que questionnée par l’intervenant, apparaît d’autant plus d’actualité.
Nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir la conférence de Michel Caillat.
Le sport : un sujet plutôt clivant
Michel Caillat l’explique en phase préliminaire : « On ne débat pas du sport, soit on aime, soit on n’aime pas ».
La seconde partie de l’intervention était dédiée aux questions du public. Divers sujets ont pu être abordés comme le sport et le féminisme ; le sport créateur d’emplois et de richesses ; le sport comme religion ; le sport « remède des quartiers ».
Si beaucoup de faits présentés durant l’intervention sont difficilement contestables, l’opinion de l’intervenant n’a pas fait l’unanimité parmi son auditoire. Il convient de noter que le format ne permettait pas un développement long. L’intervention courte de Michel Caillat ne pouvait résumer plus de 15 ans de travail sur la question du sport. Le sport automobile et l’esport n’ont, par exemple, pas pu être évoqués.
Nous vous invitons à réécouter ces vifs échanges.
Steven Miredin