La laïcité vue des « primaires citoyennes de gauche »

Le 29 janvier dernier, Benoît Hamon gagnait les Primaires citoyennes de la Gauche, face à Manuel Valls, ex Premier Ministre. Le député des Yvelines a insufflé dans la campagne de nouvelles approches, notamment sur la  laïcité. Pas sans difficulté dans son camp.

Lorsqu’au soir du 21 janvier, les résultats du premier tour des Primaires Citoyennes de Gauche furent connus, les critiques contre Benoît Hamon, arrivé premier avec plus de 36 % devant Manuel Valls, sont devenues plus violentes, non seulement de la part des partisans de l’ex Premier ministre, mais aussi de certains journalistes. Des critiques non seulement sur sa proposition phare  de revenu universel, mais aussi sur sa conception de la laïcité.

Lors de la campagne pour le premier tour, l’ancien ministre de l’Education nationale s’était en effet démarqué du discours traditionnel et officiel du Parti socialiste sur ce thème.

Le 18 décembre il déclarait en effet sur France3 :  «Ce qui me choque c’est l’usage et l’instrumentalisation de la laïcité à tous égards (…) Certains sortent des glaives pour en faire une arme contre une religion ou une autre» ; « Ce qui m’inquiète c’est que depuis l’affaire de la déchéance et du burkini cet été, j’ai entendu pour la première fois des gens me dire : “Je ne sais plus si je fais partie du ‘nous’ ou si je me trouve dans le ‘eux’ » écrivait-il dans Libération le 5 janvier.

Pour ces déclarations, Benoît Hamon sera traité d’ «islamo-gauchiste», affublé du sobriquet « Bilal Hamon », et pendant la campagne de l’entre deux-tours, sommé par les partisans de Manuel Valls d’arrêter ses «accommodements avec le communautarisme».

La large victoire  du député de Trappes le 28 janvier, ( 51,88 % contre 41,12%) n’aura pas vraiment calmé les choses. Alors que tous les candidats avaient  fait le serment de se ranger derrière le vainqueur des  Primaires, des membres du PS ont annoncé qu’ils « joueraient » leur droit de retrait, d’autres ont dit qu’ils rejoindraient Emmanuel Macron, que leur parti avait longuement critiqué pour avoir refusé d’aller à ces primaires. Une des raisons avancée est celle de la peur du « communautarisme » que favoriserait le désormais le candidat à l’élection présidentielle.

Pourquoi cette mauvaise foi ? Les Français se sont exprimés, les urnes ont parlé. Veulent-ils dire par là qu’ils ne respectent pas le choix des Français ? Quand on joue à un jeu et qu’on en accepte les règles, il faut aller jusqu’au bout et être digne dans la défaite. Des réactions qui rappellent celles d’enfants dans les cours d’écoles qui boudent après avoir perdu.

La  laïcité serait  donc devenue un des thèmes les plus importants de la vie politique en France,  si l’on regarde l’importance que lui donnent les femmes et hommes politiques, peut-être  même plus important que la lutte contre le chômage , la pauvreté, le mal-logement…

 

Le mot laïcité est désormais galvaudé. En même temps, on n’a jamais autant entendu parler de « vivre ensemble ». Tous les partis politiques – à part le Front National- ont intégré cette expression à leur discours, surtout depuis les attentats qu’a connus la France.

Comment persuader une partie de la population qui se sent pointée du doigt  par le discours à la mode sur la laïcité, à accepter ce fameux « vivre ensemble » ? C’est le nécessaire travail que devront faire les candidats représentant les partis républicains à l’élection présidentielle des 23 avril et 7 mai prochains.

 

 

Ali Jefrani

Trouvé sur La Rédac Pop, le média participatif et citoyen de Radio Campus Orléans