Après la création de la précarité du stagiaire, c’est sous la présidence de N. Sarkozy qu’est né le service civique. Repris et renforcé par la gauche depuis 2012, notamment avec la loi égalité et citoyenneté en 2016, le gouvernement actuel aimerait atteindre 100 000 engagés d’ici 2017.
« Une mission pour chacun au service de tous », telle est la devise du service civique créé en 2010, une mission d’intérêt général pour les 16 à 25 ans au sein de 9 domaines d’action : solidarité, environnement, sport, culture, éducation, santé, intervention d’urgence, mémoire et citoyenneté, aide humanitaire. D’après le guide du volontaire en service civique : « le Service Civique est avant tout un état d’esprit, dans un cadre souple ».
Un marché du travail sans pitié
Un état d’esprit avec lequel on s’engage à travailler entre 24 et 48h par semaine pour une somme d’argent équivalente à l’indemnisation d’un stagiaire. Depuis quelques mois, les offres en service civique pullulent sur les sites d’offres d’emploi et de stage. Les jeunes se ruent dessus pour acquérir un maximum d’expérience professionnelle tant qu’il est encore temps car le marché du travail est sans pitié avec eux.
Pour le gouvernement cela signifie : moins de chômage, plus de jeunes « actifs » et « engagés », des créations de postes qui ne coûtent que le minima. Au lieu de créer de vrais emplois, on crée de la précarité et on brise les espoirs des jeunes qui se retrouvent une fois de plus exploités par le système qui l’autorise. Mais d’après la députée du Loiret Valérie Corre, le service civique est un engagement civique, il ne peut en aucun cas être considéré comme un travail. Et comme tout travail mérite salaire, mais qu’il ne s’agit ici pas d’un travail, celui-ci ne mérite pas d’être payé de façon à pouvoir subvenir correctement à ses besoins.
Des surhommes de la précarité
Mais réjouissez-vous ! Être en service civique n’empêche pas de cumuler avec des études, un CDD ou même un CDI, nous raconte la députée socialiste Valérie Corre. Et oui, sachez chers jeunes que vous pouvez cumuler les situations précaires ! Parce que tout le monde sait qu’à Paris il est très difficile de subvenir à ses besoins avec 570€ par mois. Donc il est possible de travailler 24h pour votre association en service civique (être engagé, pas « travailler », car ce n’est pas un « travail »), de cumuler un job d’étudiant dans un bar 15h par semaine pour survivre et bien évidemment de passer brillamment vos partiels de fin d’année. Nous, les jeunes, nous sommes de surhommes de la précarité, des professionnels du cumul de galères et de la sous-estimation de nous-mêmes.
Tout ceci est bien sûr disponible à l’international les services volontaires européens et la création récente de volontariats franco-allemands. La mobilité européenne, c’est très important puisqu’après votre service civique, non, vous ne serez pas diplomate ni ambassadeur, quand vous travaillerez dans la restauration rapide pour survivre, vous serez certainement amenés à échanger avec des clients internationaux. Apprendre l’allemand est également toujours utile pour renseigner un touriste germanophone perdu dans les rues de Paris. « L’engagement citoyen » avant tout pour redonner de la valeur à la « citoyenneté ». À quand la valorisation des jeunes par des emplois et des rémunérations à la hauteur de leurs qualifications.
Leslie F.
Article réalisé suite à l’interview de Valérie Corre, députée socialiste du Loiret, rapporteure de la Loi égalité et citoyenneté, en réécoute ici :