On se souvient avec Rocé
Une des caractéristiques des enfants de la diaspora réside dans l’effacement, l’effacement de nos mémoires, de nos récits et de nos histoires. Ainsi, seul le récit dominant s’inscrit dans le récit collectif. Les voix des autres, des personnes minorées et/ou racisées sont comprimées, reléguées à une interdiction. L’interdiction d’exister dans l’espace public. Les dominants ordonnent à ces voix d’avoir, ce qu’ils appellent la décence, de rester discrète même quand il est question d’elles. Les générations précédentes qui ont immigré contraint ou pas en France, occupent aujourd’hui les classes sociales les défavorisées et sont rarement décrites comme ayant pris part et prenant part active à la vie du pays. Ces mêmes générations qui pourtant construisent quotidiennement ce pays de leurs mains. Que dire aux enfants de leurs parents quand leurs parcours, leurs récits, leurs histoires ont été gommés ? Pour y répondre, nous avons pu interroger le rappeur et conteur Rocé.
Retour au festival Enracinement/Déracinement
Le samedi 2 décembre, dans le cadre du festival Enracinement/ Déracinement, le rappeur Rocé est venu présenter son album « Par les damné·e·s de la terre » au théâtre Gérard Philippe. L’occasion pour lui de revenir sur un travail exigeant de 10 ans de recherches ayant abouti à la publication de cet album en 2018. Par les damné·e·s de la terre est une compilation de chants révolutionnaires francophones, une précision qui permet de rappeler que les enfants de la diaspora échoués en France, sont le résultat de siècles de luttes sociales et humaines et non l’anomalie à laquelle le récit national français tente de les cantonner. L’abolition de l’esclavage n’est pas le résultat d’un pseudo-mouvement abolitionniste issue de la bonté blanche. L’abolition, c’est la révolution d’Haïti en 1791, c’est encore avant ces milliers d’hommes et de femmes qui ont milité, combattu ou fui l’impérialisme des colons d’occident.
Ce moment était surtout une rencontre avec les mineurs non accompagnés (dit MNA). Une rencontre qui devait être une collaboration avec le département du Loiret. Selon Thierry, le département n’a pas honoré sa part du contrat. Le département devait, en effet, faire venir des MNA mais sera resté silencieux aux relances.
Le monde est vieux, mais l’avenir sort du passé
Cette présentation aura été l’occasion pour l’artiste de se prononcer sur cette question. Quel récit laissé aux enfants issus des diasporas qui ne se retrouvent pas dans l’histoire telle que racontée par l’Etat français. Nous vous proposons d’écouter sa réponse.
Rocé a clôturé cette journée en prenant le micro pour cette fois-ci un concert. Ce concert a été l’occasion pour lui de présenter son nouvel album, « Bitume ».
Article rédigé par Steven Miredin
Interview menée par Steven Miredin et Hassan Kerim
Captation sonore/production, montage et photo par Daniel Beghdad