La conférence A Soul for Europe se déroule chaque année à Berlin à l’occasion de l’anniversaire de la chute du mur les 8 et 9 novembre. Organisée par la fondation allemande Stiftung Zukunft en partenariat avec la Fondation Allianz et le Parlement européen, elle réunit des organisations citoyennes et des décideurs politiques européens afin d’échanger sur les évolutions des identités culturelles en Europe. Retour sur une discussion de comptoir entre acteurs européens.
Le billet d’humeur de Leslie Fornero
Rien de mieux qu’un voyage à Berlin pour parler de l’Europe des citoyens et de la culture dans un cadre privilégié et venir y présenter un projet qui concrétise le tout. Chouette, on va rencontrer des acteurs européens qui vont partager leurs expériences sur différents projets culturels visant à faire exister l’âme de l’Europe, celle-là même recherchée pour lutter contre la montée des populismes. La discussion annoncée constructive consiste à inviter des intervenants qui disposent de deux minutes pour exposer leur vision de l’Europe culturelle. On assiste aussi à des workshops de quinze minutes sur les perceptions des plus individuelles et individualistes de chacun. On a le droit au témoignage du vieux monsieur qui raconte que sa petite fille s’est mariée avec un Ecossais et qu’il est par là extrêmement touché par le Brexit. Un petit exemple de voyage aux USA où l’on se sent Européen autrement. Une expérience Erasmus, très enrichissante pour ces petits jeunes qui ont tant d’avenir professionnel. Une pensée pour toutes ces personnes qui ne sont pas concernées par l’Europe, ces européens qui ne profitent pas de l’Europe, qui ne sont pas forcément amenés à y voyager. Une pensée aussi pour tous les rejetés de l’Europe, les minorités, ces personnes qui dérangent et qui ne font pas l’âme de l’Europe que nous cherchons ici. Conclusion, il faudrait que chaque citoyen s’implique davantage au niveau local pour pouvoir influencer les politiques qui le touche directement.
Sur 22 projets, 17 ne seront ni présentés ni évoqués, nous sommes ici pour écouter des gens s’éparpiller.
Ces citoyens dont nous parlons, ils sont représentés ici par des organisations dites citoyennes qui montent des projets dits citoyens. On découvre ainsi un média participatif qui réunit tous ces bénévoles européens qui alimentent l’histoire européenne au niveau local. On écoute l’histoire d’un projet à Vienne qui consiste à découvrir le côté cosmopolite de la ville en écoutant par exemple une Espagnole jouer du piano ou un Roumain narrer l’histoire de Dracula. On se sent tout de suite plus Européen. Au milieu de tout cela, une ONG qui demande l’abolition de la guerre et qui invite la Commission européenne à prendre l’initiative de cette idée en commençant par arrêter d’exporter des armes vers les pays qui ne respectent pas les droits de l’homme. Sur 22 projets, 17 ne seront ni présentés ni évoqués, nous sommes ici pour écouter des gens s’éparpiller.
Comment leur dire. Comment leur dire que l’Europe va mal parce que les citoyens en ont assez que l’on se réunisse en conférences pour parler d’eux sans les inviter. Comment parler de volontés citoyennes lorsque ces derniers ne sont pas présents ? Comment parler de projets citoyens pour pallier au Brexit lorsqu’il y a si peu de moyens disponibles pour réaliser ces projets. Comment lutter contre la montée du populisme lorsque la presse va si mal ? Comment demander aux gens de s’impliquer lorsqu’ils doivent travailler eux-mêmes entre 40 et 70h par semaine ? Comment leur demander de se battre pour la collectivité alors que leurs propres problèmes les surpassent et leur prennent tout leur temps ? Comment osons-nous encore leur demander de faire le travail pour lequel les élus sont si grassement payés ?
Qui est ce monsieur Juncker dont je parle ?
Il faut changer notre manière de penser « citoyen ». Il faudrait certainement commencer par arrêter les discussions de comptoir qui se déroulent autour d’un micro dans des espaces privilégiés entre privilégiés à destination des privilégiés. Peut-être même penser à ne plus dépenser de l’argent pour des réunions en vase clôt qui ne font pas avancer les vraies problématiques (le travail, le chômage, la précarité, les vraies galères de la vie) de ces citoyens dont nous parlons et qui font la fortune de nos politiciens. Enfin, chers citoyens de tout en bas, si vous ne comprenez rien à l’Europe et comme le dit si bien le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker au micro de Kiez.FM, c’est aussi parce que « les citoyens, parfois, ils n’écoutent pas ». Ainsi, en rentrant au bureau ce lundi, mes collègues me demandent qui est ce monsieur Juncker dont je parle…