Une centaine de personnes se sont rassemblées vendredi 10 juillet devant le Palais de Justice à Orléans. Elles sont venues pour répondre à l’appel de stop féminicides sur Instagram et relayé localement par Nous Toutes 45 et Offensive féministe 45. « Si l’état est complice, où est la justice », « Culture du viol, y’en a ras le bol », « Darmanin démission »… L’ambiance de la manifestation orléanaise a été un mélange de colère, de sentiment d’injustice et d’indignation pour les nominations de Gérald Darmanin au ministère de l’intérieur (accusé de viol) et du célèbre avocat Eric Dupont Moretti à celui de la Justice (auteur de nombreux propos sexistes) lors du « remaniement de la honte »
Le 25 novembre est la date de la journée Internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. C’est à cette occasion que l’actuel président de la République Emmanuel Macron déclarait en 2017: »je me suis en effet engagé à ce que la cause du quinquennat soit celle de l’égalité entre les femmes et les hommes et le premier pilier de cette cause, c’est bien la lutte pour l’élimination complète des violences faites aux femmes. »
Une bonne claque dans la gueule de toutes les femmes…
Dans la rue Tania, jeune étudiante féministe est venue exprimer sa colère. Elle témoigne de son sentiment d’humiliation: « C’est ironique que l’accusé en question (Gérald Darmanin) soit le chef de la police et le ministre de l’intérieur ». Concernant le remaniement, elle ajoute: « C’est une bonne claque dans la gueule de toutes les femmes, un coup de poing ». Lors de son discours du 25 novembre 2017, Emmanuel Macron avait également déclaré: « l’Etat doit s’engager et il en va de sa responsabilité évidente d’exemplarité ». Le remaniement aura suscité une colère froide et une violence psychologique chez de nombreux citoyen-ne-s revolté-e-s ce vendredi par l’attribution de deux grands ministères à des hommes qui n’incarnent nullement « l’exemplarité de l’état » jadis promue par un président de la République que les paradoxes du « En même temps » n’arrêtent plus…
Le ministre de la justice est complice de la culture du viol
Le 9 juin dernier la cour d’appel de Paris ordonnait la reprise des investigations sur les accusations de viol portées à l’encontre de Gérald Darmanin. Ces accusations n’ont nullement nuit à l’ascension de l’ancien ministre des comptes publics au poste de chef de la police française. Thibault est venu manifester devant le Palais de justice. Il pense que la nomination « d’un homme accusé de viols au ministère de l’intérieur, c’est une insulte pour toutes les victimes de viols ». Le jeune homme dénonce des déclarations sexistes de Eric Dupont-Moretti, l’anti #Metoo notoire dans les médias: « Le ministre de la justice est complice de la culture du viol, de toutes les attaques qui sont faites aux femmes. Il y a la police qui ne traite pas les plaintes et la justice qui ne fait pas son boulot. » Concernant l’affaire du Carlton, l’avocat excusait son client Dominique Strauss Kahn en ces termes: « Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une affaire de copains qui s’offrent du bon temps ». Au sujet du mouvement #Me too:« Le mouvement #MeToo a permis de libérer la parole et c’est très bien. Mais il y a aussi des ‘follasses’ qui racontent des conneries et engagent l’honneur d’un mec qui ne peut pas se défendre car il est déjà crucifié sur les réseaux sociaux. Peu de gens raisonnables peuvent me démentir sur ce point. » Quand au harcèlement de rue qualifié à présent comme un délit, il déclarait: « A mon époque, quand une fille refusait vos avances, on appelait ça un râteau, de nos jours on appelle ça un délit »…
Retrouvez ci-dessous des témoignages de manifestant-e-s dans l’émission du Bondy Blog Centre consacrée à la lutte contre le sexisme
Daniel Beghdad